Sarah El Haïry : “l’objectif est le plein déploiement du Service national universel”

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Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargée de la Jeunesse et du Service national universel, le SNU, Sarah El Haïry est aussi colonelle de la réserve citoyenne de la Gendarmerie depuis 2019. Elle a accordé une interview à La Voix du Gendarme au sujet du SNU, du rôle de la Gendarmerie et des Cadets de la Gendarmerie. Pour elle, l’objectif du moment est déjà le plein déploiement du SNU. “Pour autant, si le SNU devenait obligatoire, il ne signifierait pas un rétablissement de la conscription” assure la secrétaire d’État. Concernant les Cadets de la Gendarmerie, “afin d’harmoniser les ressources financières des associations de Cadets”, “elle souhaite que les associations puissent se regrouper au sein d’une fédération nationale”.

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LVDG En premier lieu pouvez vous nous expliquer la différence entre SNU et service civique ?

Sarah El Haïry 

Le Service National Universel (SNU) et le service civique sont des illustrations de la politique ambitieuse conduite par le Gouvernement pour la jeunesse. Le SNU et le service civique sont deux dispositifs différents qui ne s’adressent pas aux mêmes tranches d’âge. Le SNU, concerne les jeunes de 15 à 17 ans, tandis que le service civique s’adresse aux volontaires de 16 à 25 ans et jusqu’à 30 ans si le jeune est en situation de handicap. Les deux dispositifs sont complémentaires, le service civique pouvant constituer la troisième phase du SNU qui correspond à une période d’engagement volontaire. Le SNU est un dispositif plus court qui n’est pas rémunéré tandis que le service civique est indemnisé et dure en moyenne huit mois. (lire ci-contre).

Portrait de Sarah El Haïry, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, au ministère, le lundi 23 Aout 2021 – ©Philippe DEVERNAY.

Le SNU a concerné 40000 jeunes en 2022. Disposez vous d’assez d’encadrants et de structures d’accueil pour le séjour de cohésion ? 

Lors des trois sessions qui se sont tenues en 2022, à des dates échelonnées, tous les jeunes ont pu être accueillis. Concernant l’encadrement, nous n’avons pas connu de difficultés en dépit du contexte compliqué qui touche la filière de l’animation. Il y a un fort enjeu pour ces métiers de l’humain au niveau de la reconnaissance, du sens et de la rémunération. 

Le président de la République souhaite que le SNU soit obligatoire avant la fin du quinquennat. Cela est-il réalisable?

L’objectif du moment est déjà le plein déploiement du SNU. L’été que nous venons de vivre, avec des aléas climatiques comme la sécheresse, des incendies en grand nombre, mais aussi la guerre en Ukraine, démontre que le pays a intérêt à accompagner le renforcement de la résilience parmi la jeunesse. La question de l’obligation viendra plus tard et devra être soumise au parlement. Pour autant, si le SNU devenait obligatoire, il ne signifierait pas un rétablissement de la conscription.

Selon vous, quelle mission peut assurer la Gendarmerie dans le cadre du SNU au delà des Cadets? 

Je rencontre de nombreux réservistes ou des retraités de la Gendarmerie qui encadrent des séjours de cohésion du SNU ou des ateliers. Je suis très attachée à la Gendarmerie. Je suis moi-même dans la réserve citoyenne. Pour moi, la Gendarmerie, engagée dans la proximité au service des Français, est, en particulier au travers de son esprit de résilience, l’un des acteurs majeurs du parcours de citoyenneté. Je considère que nous avons la chance d’avoir une institution qui parle aux élus locaux, aux associations, avec des hommes et des femmes engagés quotidiennement et qui proposent une offre de services avec une égalité territoriale aux citoyens. Les Cadets et le SNU constituent des dispositifs qui permettent aux jeunes de côtoyer pendant plusieurs jours des gendarmes et et leur fait découvrir les opportunités dans l’institution, notamment dans la réserve. J’en profite pour saluer le travail des réservistes qui interviennent dans le cadre des JDC, qui sont intégrées dans les séjours de cohésion du SNU. 

Du reste, la réserve opérationnelle peut constituer la troisième phase du SNU.

Sarah El Haïry avec des Gendarmes

Au sujet des Cadets, envisagez vous de simplifier le système qui impose la création d’une association et d’avoir recours à 50 % du financement à travers des sponsors?

Les Cadets de la Gendarmerie ont beaucoup de succès, et il y a plus de demandes que de place, c’est toujours frustrant de dire non. La question du financement revient à chaque déplacement que j’effectue et la règle des 50% impose aux associations de trouver des financements dans le privé. Afin d’harmoniser les ressources financières des associations de Cadets, je souhaite que les associations puissent se regrouper au sein d’une fédération nationale afin de redéployer les aides selon le principe de la péréquation. Les entreprises ont besoin de recruter et je crois dans les entreprises patriotes qui envoient un bon message en finançant les Cadets, mais je ne nie pas la difficulté de trouver des sponsors dans certains territoires. Mon ministère aura un budget réservé aux Cadets pour apporter des aides financières là où il y a des besoins.

Je crois en la force des associations d’autant que la mission de porter les Cadets n’entre pas dans les missions premières de la Gendarmerie.

Colonelle de la réserve citoyenne de la Gendarmerie

Née en 1989 à Romorantin-Lanthenay, Sarah El Haïry a grandi entre la France et le Maroc avant de passer son bac au lycée français Lyautey de Casablanca.

Après une formation en classe préparatoire de l’École normale supérieure (ENS) de Cachan au lycée Carcouët à Nantes et à la faculté de droit de sciences politiques de Nantes, elle a participé à la formation jeune de l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN). 

Elle a commencé ensuite sa carrière en tant que chargée d’affaires chez Sagemcom avant de devenir déléguée régionale du groupe UP jusqu’en 2017.

Sarah El Haïry a élue députée (Modem) de la 5ème circonscription de Loire-Atlantique aux élections législatives de 2017 et a siègé à la commission des Finances. En novembre 2018, elle a été rapporteur de sa propre proposition de loi visant à améliorer les trésoreries des associations.

Élue conseillère municipale de Nantes et conseillère communautaire à Nantes métropole en 2020, elle a été nommée en juillet suivant secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement.

Elle a été réélue députée de la 5ème circonscription de Loire-Atlantique aux élections législatives de 2022 et a été nommée secrétaire d’État auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargée de la Jeunesse et du Service national universel au sein du gouvernement d’Elisabeth Borne.