Les “pjistes” de la Gendarmerie pleurent le colonel François Despres, décédé le 2 décembre à l’âge de 54 ans des suites d’une maladie. Il était officier adjoint chargé de la police judiciaire à la région de Gendarmerie Grand Est à Metz après un parcours consacré à la police judiciaire et dont le fil rouge est la Roumanie à tel point qu’il était surnommé “Déprescou”. L’un des grands commandeurs de la Gendarmerie roumaine, le général Catalin Stegoriu, parle même de François Despres comme d’un “modèle”.
Les honneurs militaires lui ont été rendus à Metz avant une cérémonie religieuse le jeudi 7 décembre en l’Église de l’Immaculée Conception de Metz-Queuleu et ses obsèques ont été célébrées le samedi 9 décembre en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, à Paris, suivies de l’inhumation au cimetière d’Issy-les-Moulineaux.“Vous apparteniez à ces chefs qui savent arracher leurs compagnons d’arme à la médiocrité pour leur donner le goût de vivre aux confins des possibilités humaines, là où s’apprennent le devoir et le don de soi” a notamment dit le prêtre à Metz dans son homélie.
À sa sortie de l’EOGN en 1998, il est instructeur à l’école de Gendarmerie de Tulle qui forme alors des Gendarmes auxiliaires puis des Gendarmes adjoints volontaires. Malgré son emploi du temps, il parvient à obtenir un doctorat portant sur la géopolitique roumaine. “Cette connaissance livresque, humaine et presque viscérale de la Roumanie”, selon les termes du général Ottavi le conduira à mener plusieurs missions en Roumanie au profit de la DGGN qui l’affecte au sein de sa division des relations internationales dès 2001, puis au ministère des Affaires étrangères en 2003, comme conseiller en charge de la pré-adhésion de la Pologne et de la Hongrie et de l’aide à la reconstruction de la Gendarmerie roumaine.
Reçu au concours de l’École d’État-major, il effectue sa scolarité au Collège National de Défense Roumain en 2005 et rejoint à l’issue le cabinet du ministre de l’Intérieur roumain comme officier de liaison de la Gendarmerie française, poste mis en place pour tenter de lutter contre les groupes criminels roumains qui œuvraient en France. De retour en France en 2007, il prend la tête de la compagnie de Coutances en Normandie. Après sa scolarité de l’École de guerre, il rejoint comme commandant en second l’OCLDI, l’office central de lutte contre la délinquance itinérante, alors commandé par le général Ottavi.
Une salle de l’OCLDI devrait porter son nom selon le général Ottavi
Pour l’officier général, “sa parfaite connaissance de la Roumanie et de la Moldavie, de la police criminelle locale et des acteurs diplomatiques a permis à l’office de se positionner de manière incontestable comme unité de police judiciaire spécialisée dans la lutte contre les groupes criminels itinérants issus de l’Est de l’Europe” .
“Je crois très sincèrement, et ce ne sont pas mes successeurs à l’office qui me contrediront, que sans vous, sans votre détermination, sans votre réseau international, sans votre connaissance intime et linguistique de cette zone, l’OCLDI ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui et ce serait une belle marque d’estime et de reconnaissance qu’une salle ou un bâtiment de cette unité porte votre nom”
a lancé l’officier général qui a retrouvé François Despres à Strasbourg lorsqu’il a pris la tête de la section de recherches avec une réussite “parfaite, complète et sur tous les types de contentieux.”
En 2020, le colonel Despres et le général Ottavi se sont rapprochés géographiquement puis ce “ soldat de la PJ” a pris les fonctions d’officier adjoint pour la police judiciaire sur la région Grand Est et la zone de sécurité. “Comme le reconnaissent tous les camarades pjistes ici présents vous êtes une image moderne de l’investigation, ambitieuse, décomplexée et tournée vers les victimes. Partout votre esprit novateur, votre rigueur, votre attention aux autres, votre authentique humilité, votre volonté d’aboutir à tout prix que l’on appelle la primauté de la mission ont fait merveille, dans un environnement pourtant toujours éprouvant qu’est celui de la police judiciaire. Vous avez, comme d’autres avant vous, tracé la voie mais le grand frère des commandants de SR que vous étiez a déjà fait bien des émules” a encore dit le général Ottavi, très ému.
Un officier d’exception, un grand Gendarme pour le général Bertrand Cavallier
Le général de division (2s) Bertrand Cavallier, conseiller de la Voix du Gendarme, a très bien connu l’officier François Despres avec lequel il s’est rendu à de nombreuses reprises en Roumanie. Il lui a rendu hommage sur le réseau Linkedin où les témoignages sont nombreux.
“Officier d’exception, grand Gendarme, le colonel François Despres vient de nous quitter. Je me souviens du jeune officier que je sollicitais en 2002 pour une affection en Roumanie. Très motivé, maîtrisant parfaitement le roumain, il allait jouer un rôle majeur dans la modernisation de la Gendarmerie roumaine. Tous ceux qui ont participé à cette magnifique mission se souviennent de la personnalité très marquante de François qui était devenu, pour ses frères d’armes roumains, François « Deprescou ».
Son enthousiasme, son esprit brillant, sa générosité, son audace, son engagement total, sa haute compétence, ont toujours suscité respect et estime de ses camarades. Animé d’une haute passion de la Gendarmerie, très attaché à son essence militaire, il avait trouvé sa voie, outre l’international, dans la police judiciaire qu’il considérait comme le terrain d’action premier dans le combat contre la délinquance.
Et c’est bien d’un combattant dont je conserve le souvenir. Ce combat qu’il a également mené contre la maladie avec un immense courage.”
Docteur en géopolitique
Le colonel François Despres, immensément cultivé, fin lettré, s’était spécialisé au sujet de la Roumanie qu’il connaissait sur le bout des doigts. Diplômé de sciences-po Aix-en-Provence et titulaire d’un diplôme d’études approfondies (DEA) de géographie avant son service national effectué dans la Marine nationale comme officier renseignement auprès de l’attaché de défense en Roumanie, l’officier s’est spécialisé en langue roumaine à l’INALCO, l’institut national des langues et civilisations orientales, ainsi qu’en Italien avec un certificat militaire de langues du 3ème degré et le niveau 4 de l’Otan. Passionné de géopolitique, il avait obtenu un doctorat en géographie, spécialité géopolitique.
Médaillé de bronze à titre exceptionnel de la Défense nationale, agrafe Gendarmerie nationale, il était médaillé d’argent de la défense nationale, agrafe Gendarmerie départementale, chevalier de l’ordre national du Mérite depuis 2010 et chevalier de la Légion d’honneur depuis 2016. Il a également reçu durant sa carrière quatre lettres de félicitations, dont deux de la part du DGGN, et trois témoignages de satisfaction, dont un de la part du DGGN.
Une cagnotte de la Fondation maison de la Gendarmerie
La Fondation Maison de la Gendarmerie met en place une cagnotte au profit de son épouse, Julia et de son petit garçon, Arthur, âgé de 6 ans.
La Voix du Gendarme, et ses partenaires l’UNPRG et l’APNM Gendarmes et Citoyens adressent leurs condoléances attristées à sa famille et apporte son soutien à ses camarades.