Guyane : un piroguier de la Légion étrangère décède lors d’une opération anti orpaillage conduite avec des Gendarmes

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Guy Barcarel (Photo DR)

Un piroguier, sous-officier commissionné au sein du 3ème régiment étranger d’infanterie (REI), unité de la Légion étrangère historiquement implantée en Guyane, a trouvé la mort dans un accident alors qu’il participait dimanche à une opération anti orpaillage conduite par la Gendarmerie de Guyane dans le secteur de la crique Jalbot. Le corps de l’adjudant Guy Barcarel corps a été retrouvé de mercredi 10 mai par des habitants de Camopi précise Guyane la 1ère. Les forces armées guyanaises avaient notamment engagé des plongeurs de combat de l’armée de Terre aux côtés des Gendarmes. Un Gendarme mobile de Satory a été légèrement blessé lors de cet accident. Guy Barcarel était par ailleurs chef coutumier pour les Amérindiens Teko de Camopi et membre du Grand conseil coutumier.

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L’adjudant Barcarel était à la recherche avec des Gendarmes de la brigade de Camopi d’une pirogue de garimpeiros qui avait été signalée dans le secteur de la crique Jalbot, lorsque la pirogue a heurté un arbre alors qu’elle opérait de nuit par une météo défavorable. Sous le choc, le piroguier est passé par dessus bord et un gendarme mobile de l’escadron 14/1 de gendarmerie mobile de Satory a été blessé. Le chef de corps du 3ème Régiment d’Infanterie s’est immédiatement rendu sur place.


Le général Jean-Christophe Sintive, commandant la Gendarmerie de Guyane lui rend hommage sur Linkedin.

Chef coutumier amérindien, il était pleinement investi avec les forces armées en Guyane et à nos côtés dans la lutte contre l’orpaillage illégal. La Gendarmerie de Guyane rend hommage à cet homme engagé, déterminé et courageux avec qui nous travaillions tous les jours dans le cadre de notre lutte conjointe avec les armées contre l’orpaillage illégal.”

Engagé comme sergent en 2016

Le communiqué du ministre des armées, Sébastien Lecornu.

Amérindien du peuple autochtone des Tekos, Guy Barcarel s’était engagé comme sous-officier commissionné (sergent) au titre du 3e REI depuis le 1er janvier 2016. Ses connaissances sur la flore, la faune et la navigation sur les criques de la région de Camopi et du fleuve Oyapock se sont révélées indispensables à la bonne exécution des missions conduites par les légionnaires.

Guy Barcarel, au centre travaillait avec un Gendarme et un autre Amérindien (Photo DR)


Particulièrement investi dans la lutte contre l’orpaillage illégal, qui touche en premier lieu les populations amérindiennes, il ne ménageait pas ses efforts lorsqu’il était engagé en forêt ou sur le fleuve. De par sa discipline et son sérieux, c’est tout naturellement qu’il est devenu chef des piroguiers de la base opérationnelle avancée de Camopi.
Par ailleurs, très attaché à la préservation de sa culture et à l’éducation des plus jeunes, il a été élu chef coutumier de Camopi en 2018 et membre du grand conseil coutumier des populations amérindiennes et bushinenge.
Promu adjudant le 1er janvier 2022, il était titulaire de la médaille de bronze de la défense nationale et de la médaille de la protection militaire du territoire avec agrafe Harpie.
Il laisse derrière lui une compagne et 6 enfants.

Zoom sur les piroguiers

En Guyane, beaucoup de piroguiers sont des militaires commissionnés dans les armées ou dans la Gendarmerie et sont souvent des autochtones. Les Gendarmes et les militaires des armées, légionnaires du 3ème REI ou marsouins du 9ème RiMa forment aussi leurs propres piroguiers.

Gendarmes mobiles sur une pirogue du 9ème RiMA pilotée par un marsouin sur la Mana (Photo DC/LVDG)

La Gendarmerie de Guyane, compte 25 piroguiers avec différents statuts, principalement GAV et sous-officiers com- missionnés. Très exigeante, la formation d’un piroguier dure jusqu’à cinq ans. Les piroguiers de la Gendarmerie sont tous formés par Eric Hedin, figure de la Gendarmerie guyanaise. L’histoire de ce civil de la défense, par ailleurs délégué syndical de FO-Gendarmerie, est singulière. La Voix du Gendarme a rencontré en mai 2022 en Guyane ce fils d’un aventurier et guide de pêche métropolitain installé en Guyane. À lire dans le supplément Guyane au numéro 33 de la Voix du Gendarme de juillet 2022.

Les militaires commissionnés

Comme l’a écrit dans une série de posts sur Twitter, le commandant Thomas Fressin, historien et lui même officier commissionné dans la Gendarmerie, détaché à la CNIL, les militaires commissionnés sont des militaires recrutés par contrat dans un grade d’officier ou de sous-officier pour satisfaire des besoins immédiats des armées ou des formations rattachées et occuper des emplois de spécialistes à caractère scientifique, technique ou pédagogique. En d’autres termes, ils sont employés sur des postes non pourvus par les autres modes de recrutement et de formation ou qui font l’objet d’une vacance temporaire : professeurs, médecins, spécialistes informatiques, spécialistes des marchés, linguistes, etc.