La députée Alexandra Martin propose un Parcours National Universel à la place du SNU

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Alexandra Martin avec les Cadets de la Gendarmerie des Alpes-Maritimes (Photo DR)

Alexandra Martin, députée (LR) de la 8ème circonscription des Alpes-Maritimes, membre de la commission de la Défense nationale, a été nommée référente pour le Service national universel (SNU) pour le groupe les Républicains à l’Assemblée nationale (*). Portant un regard bienveillant sur le SNU, elle pointe néanmoins du doigt des insuffisances et suggère d’harmoniser les différents dispositifs de Cadets et d’incrémenter un enseignement de défense tout au long du parcours scolaire en créant un Parcours National Universel qui pourrait selon elle se substituer au SNU qui peine à convaincre. Entretien 

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LVDG : vous avez été nommée référente du SNU pour le groupe LR à l’assemblée. Comment est venu cet intérêt pour le SNU et votre implication sur ce sujet?

Alexandra Martin lors de la cérémonie de remise de diplomes aux Cadets de la Gendarmerie des Alpes-Maritimes (Photo DC/LVDG)

Alexandra Martin  Je m’intéresse beaucoup au SNU car je constate aujourd’hui comme beaucoup que nous vivons une crise démocratique. Cela se traduit par une forte abstention, particulièrement chez les plus jeunes et se double par une une crise de l’engagement qui a fait place de l’individualisme, et le tout fait qu’il y a un problème de cohésion nationale. Considérant en tant que membre de la commission de la Défense que l’esprit de la défense, c’est le sentiment d’appartenance à une nation, aux principes et aux valeurs de celle-ci, tout ce qui constitue le patriotisme,  le SNU est pour moi l’un des outils qui peut nous amener à refaire nation. D’abord par les jeunes qui ont besoin de sortir de leur bulles, de leurs écrans, des applications sur lesquelles ils sont constamment, des influenceurs, et de les amener à réfléchir sur le lien qu’ils ont avec leur pays, à des engagements dans le tissu associatif, au sein de structures militaires, dans la réserve.

LVDG Comment jugez vous le fond et la forme du SNU ? Comment doit-il évoluer selon vous? 

Alexandra Martin J’ai interrogé la secrétaire d’état chargée du SNU, Sarah El Haïry, la volonté est là, c’est un projet de société louable, c’est certain. Mais force est de constater que le SNU est focalisé sur les stages de cohésion qui est le 1er des éléments constitutifs, du coup, le SNU est souvent aujourd’hui associé à ce premier stage de cohésion et la conséquence est qu’il manque encore de visibilité auprès des jeunes. Même si l’on constate une augmentation du nombre de jeunes, on est encore très loin de l’universalité du SNU. Pour moi, ce système a des limites, n’est pas assez clair dans ses finalités et pas suffisamment attractif pour les jeunes. Outre ce problème d’attractivité, on s’aperçoit que ce SNU mis en place par le gouvernement repose essentiellement sur le système D, sur l’engagement et la volonté de ceux qui l’organisent. J’ai eu l’occasion de voir plus en détail comment cela fonctionne avec la Gendarmerie, avec les Cadets, et force est de constater qu’il n’y a pas de ligne budgétaire au sein de la Gendarmerie, dédiée au SNU, cela fonctionne sur la base d’une association loi 1901, de bénévoles réservistes de la Gendarmerie qui y mettent beaucoup de leur foi, mais qui n’ont pas de moyens. Il y a un manque flagrant de moyens, c’est la débrouille pour trouver un bus pour se déplacer, un lieu pour accueillir les Cadets dans le cadre des missions d’intérêt général, c’est un vrai frein à l’installation du SNU de façon pérenne. 

LVDG Doit-il être obligatoire et doit-il inclure une formation militaire ? 

Alexandra Martin L’apprentissage ne doit pas reposer que sur du volontariat, il faut qu’il y ait une partie obligatoire. Il y a une heure d’enseignement moral et civique par semaine, on pourrait incrémenter dans ces cours des notions militaires à la fin du cursus scolaire et délivrer un petit diplôme. Je suggère de lisser cet apprentissage dans le cursus scolaire en mettant en place un éveil à l’éducation de la défense tout au long du parcours scolaire avec des corps de cadets dans toutes les armées. 

LVDG Ne pensez vous pas que l’État devrait s’impliquer davantage au niveau des moyens? 

Alexandra Martin L’’État doit s’impliquer davantage pour normaliser les différents dispositifs afin de répondre à l’évolution du SNU. Il y a une volonté, c’est évident, mais de pas de réponses. Chaque corps d’armée ou corps civil cherche le bon dispositif pour rationaliser les moyens. La Police nationale fonctionne différemment des Gendarmes, les sapeurs-pompiers également, il n’y a pas de cohérence. Il faut donner du souffle et de l’ambition, car le système actuel ne touche pas tous les jeunes et il y a un problème d’inégalité territoriale dès lors qu’on fait appel aux subventions des collectivités territoriales et au sponsoring des entreprises, plus ou moins présentes et florissantes selon les territoires. Je prône une véritable universalité. 

(*) Son suppléant est David Lisnard, maire de Cannes et président de l’association des maires de France (AMF).

Propos recueillis par Didier CHALUMEAU

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