Le capitaine (H) Jean-François Charrat, ancien porte-parole de l’association professionnelle nationale militaire (APNM) Gendarmes et Citoyens, partenaire de “la Voix du Gendarme” livre cette tribune au sujet des événements en Nouvelle Calédonie. Ses propos n’engagent pas la rédaction de “la Voix du Gendarme”.
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Une crise en chasse une autre. Après Mayotte qui n’en finit pas de créer des débats sur l’immigration clandestine et ses conséquences chaotiques, la Nouvelle Calédonie est, depuis plusieurs jours, dans une situation de guerre civile. Pour l’un, les habitants réclament un droit à être Français à part entière et pour l’autre, les kanaks hurlent à l’indépendance. C’est régulier et la crise dans ce territoire des antipodes, dure depuis plusieurs décennies. Elle tombe vraiment au mauvais moment car les forces de sécurité mobiles sont déjà fortement employées en raison des Jeux olympiques et des activités autour du 80ème anniversaire du débarquement en Provence. Des escadrons de gendarmerie mobile sont expédiés à la hâte depuis les autres collectivités d’outremer et de métropole. L’armée est engagée pour sécuriser les structures portuaires et aéroportuaires. On déplore des dizaines de blessés parmi les gendarmes locaux. Un jeune gendarme mobile a été tué par balle et un autre est décédé d’un tir accidentel. Les familles des brigades isolées sont rapatriées sur le commandement de Nouméa. D’autres brigades essuient des tirs de gros calibre. Le chaos !
Pour les anciens, cette énième crise en Kanaky, fait remonter à la surface de tristes et dramatiques événements où, encore et toujours, les gendarmes ont été sacrifiés au nom de la paix sociale et d’une certaine idéologie. La situation géopolitique de ce territoire nous rappelle que le calme apparent de ces dernières années n’était qu’un rideau de fumée d’un antagonisme entre les autochtones historiques et les populations issues d’une immigration très ancienne. Un face à face qui conduit un territoire dans le chaos. L’exécutif a tardé à décréter l’état d’urgence.
Tout est hors de contrôle et selon les témoignages recueillis sur place, il n’est plus possible de circuler. Beaucoup de métropolitains vivant en Nouvelle-Calédonie sont dans l’inquiétude. L’autorité sur place est dépassée par l’ampleur des exactions. Les ronds-points sont occupés et de nombreux commerces ont été détruits après avoir été vandalisés. Les gendarmes et les policiers sont aux prises avec des jeunes gens encagoulés et masqués, déterminés à saccager de manière systématique les installations économiques et commerciales. La mutinerie des détenus dans la prison de Nouméa a provoqué de nombreux blessés. La communauté “caldoche” et les métropolitains ou français issus des autres outre-mer forment des milices armées pour défendre leurs biens, leur vie. Quand l’état n’est plus capable d’assurer son rôle de sécurité des population, ça conduit les simples citoyens à organiser leur protection. Une faillite sécuritaire des autorités ?
Un retour au calme s’éloigne de plus en plus et personne n’est capable de prédire une issue à cette situation confuse, sauf, à nouveau entreprendre une reculade sur des positions politiques irréfléchies. Les forces de l’ordre, sous tension, font face avec courage et détermination à une guerre civile que les autorités refusent de nommer.
Que ce soit dans un commissariat à Paris, à Ircanville ou à Nouméa, les forces de l’ordre paient un lourd tribut humain à une politique qui les a privés, peu à peu et depuis des décennies, de la capacité de se défendre, de nous défendre. Deux gendarmes viennent de perdre la vie à 16 000 kilomètres de chez eux, allongeant la liste des héros sacrifiés pour garantir aux populations la tranquillité publique.
JFC
Photo d’illustration de Alex McCarthy sur Unsplash