Sur son blog, le directeur général de la Gendarmerie, le général d’armée Christian Rodriguez rend hommage au colonel Arnaud Beltrame à l’occasion du 3ème anniversaire de sa mort et en le qualifiant de « preux« , annonce que la cour d’honneur de la Direction générale à Issy-les-Moulineaux va porter son nom.
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Nous reproduisons intégralement son billet.
Billet du Directeur général de la Gendarmerie pour le 3ème anniversaire de la mort du colonel Arnaud Beltrame
Ce matin, c’est par la pensée que je me suis rendu sur la tombe du colonel Arnaud Beltrame.
Et c’est en pensée, dans le silence et le recueillement, qu’en notre nom à tous j’ai rendu à ce héros de la Gendarmerie, notre camarade disparu, l’hommage qui lui est dû, trois ans jour pour jour après qu’il eut donné sa vie pour la France.
Triste et glorieux anniversaire que celui-ci…
C’est en effet le cœur serré que j’ai songé à son geste ultime de sacrifice, le 23 mars 2018, à Trèbes. Ce geste qui, comme je l’ai déjà écrit ici même, a saisi de stupeur et d’admiration le pays tout entier. Car, encore une fois, devant un homme qui donne sa vie pour en sauver une autre, il n’est qu’une seule réaction possible : respect et humilité.
Ce jour-là, un fanatique du djihad venait de tuer et s’apprêtait à tuer à nouveau ; il avait pris des otages.
Ce jour-là, le colonel Beltrame s’est dressé. Gendarme d’élite, il est allé au bout de sa vocation, servir et protéger la vie.
Avec un courage et un sang-froid hors du commun, il a alors pris son risque et s’est avancé à la rencontre du danger. Sans trembler, sans hésiter, il s’est offert à la place de l’otage. Car, pour lui, rien n’était plus sacré que la vie de ses concitoyens, celle de cette femme sous la menace du terroriste.
Voilà pourquoi il avait choisi la Gendarmerie. C’était toute sa vie, une vie droite et généreuse, conduite avec bravoure jusqu’au dernier souffle. Comme l’a dit le président de la République lors de l’Hommage national aux Invalides, ce jour-là le colonel Beltrame a exprimé la part la plus profonde et peut-être la plus mystérieuse de son engagement.
La décision qu’il a prise était de sacrifice, mais elle était aussi de fidélité : fidélité à ses valeurs, à l’honneur, fidélité à sa vérité d’homme, de soldat et de chef.
Par ce geste héroïque, le don de sa vie, notre camarade a empêché, ce jour-là, que la mort ne triomphe. Audace suprême et miracle du sacrifice, il a retourné la mort contre elle-même.
Pour chacun d’entre nous, il est désormais un exemple et une inspiration. Passeront les années, mais sa mémoire continuera longtemps de vivre en nos cœurs.
Ainsi ai-je décidé que la Cour d’honneur du siège de la Gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux, serait très bientôt baptisée de son nom. Partout dans le pays, des casernes de Gendarmerie, des rues, des bâtiments publics le revendiquent déjà, ce nom, comme un hommage, comme un héritage, comme une fierté. Soyons tous dignes de l’exigence qu’il nous a laissée !
Dans l’ancienne langue, il y avait un vieux mot, aujourd’hui fort oublié, pour dire le genre d’homme exceptionnel qu’il était : un preux. Celui qui protège l’innocence et meurt pour sa patrie. Oui, le colonel Arnaud Beltrame était un preux.
Et ce jour-là, le 23 mars 2018, à Trèbes, il était aussi le visage de la France