Dix ans pour un cliché : l’affaire qui interroge la protection des forces de l’ordre

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Une gendarme comparaît en audience correctionnelle à Perpignan (66) pour répondre du délit “ d’acte attentatoire à la liberté individuelle ” dix ans après les faits. (L’Indépendant du 30 octobre 2025)

Les faits remontent à l’été 2015, lorsque Christian (1), plaignant et juriste de formation, est contrôlé sur le secteur de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Alors qu’il prend des photos des gendarmes en pleine opération de contrôle routier, la prévenue, gendarme trentenaire, lui demande de montrer et d’effacer les clichés. Face à son refus, la tension monte et Christian est conduit à la brigade pour des vérifications, avant d’être finalement libéré.

Ce qui aurait pu être la fin de l’histoire s’est transformée en une séquence judiciaire qui s’étend sur une décennie, entraînant le renvoi en correctionnelle de la gendarme. Christian, décrit comme procédurier et obsessionnel du droit, qualifié de mégalomane par un expert réclame un euro symbolique “pour le principe”. (Article 432-4 du code pénal)

Malgré un premier rappel à la loi et une sanction de vingt jours d’arrêt pour la gendarme, le plaignant n’est pas satisfait. À l’audience, la militaire affirme avoir commis une “erreur de droit, pas de mauvaise foi”. Le tribunal reconnaît la gendarme coupable et lui ordonne de verser un euro de dommages et intérêts. La peine est ajournée et la décision définitive sera rendue le 12 mars 2026.

Une affaire en apparence banale, dans un quotidien opérationnel souvent dense, mais qui en dit long. Elle révèle, une fois encore, la fragilité croissante des interactions entre citoyens et forces de l’ordre, où chaque intervention, même mineure, peut devenir un terrain d’incompréhension, de tension, voire de mise en cause. Au-delà du fait divers, c’est l’action judiciaire elle-même qui interroge : elle semble de moins en moins protectrice envers ceux qui s’engagent, qui interviennent, qui prennent des risques — y compris dans des contextes jugés secondaires. Le sentiment d’exposition grandit, celui d’un déséquilibre entre devoirs et garanties, entre attentes sociétales et reconnaissance institutionnelle. 

Ce type d’affaire, loin d’être isolé, pose une question de fond : jusqu’où peut-on demander à des agents de s’exposer sans leur offrir, en retour, une protection claire, lisible, et équitable ?

Cne [er] Marc Rollang

(1) Le prénom est changé

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