Le parquet général de Douai a interjeté appel de l’acquittement ce 22 février par la cour criminelle de Saint-Omer d’un militaire de l’antenne GIGN de Reims qui avait mortellement atteint en septembre 2018 près de Lens (62) Henri Lenfant, un homme de 22 ans membre de la communauté des gens du voyage.
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L’avocat général, estimant qu’il “n’était pas en légitime défense et que la situation ne relevait pas de l’absolue nécessité”, avait requis deux ans de prison contre Alexandre B. qui était accusé de « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entrainé la mort sans intention de la donner ». Il avait aussi requis cinq ans d’interdiction de détenir une arme.
Le drame était intervenu le 28 septembre 2018 à Fouquières-lès-Lens lors d’une intervention nocturne dans le cadre d’une enquête relative à des vols en bande organisée.
Le groupe d’Alexandre B avait été appelé en renfort par la Gendarmerie d’Arras pour interpeller trois personnes dans une voiture, tous membres de la communauté des gens du voyage et signalés comme potentiellement dangereux.
Alors que les deux passagers avaient réussi à s’enfuir, le conducteur, Henri Lenfant était resté au volant, moteur éteint et avait refusé de sortir du véhicule. Le Gendarme Alexandre B. s’était alors introduit dans la voiture, avait serré le frein à main avant de tenter d’enlever les clés de contact. Mais le conducteur avait redémarré avec le Gendarme du GIGN à genoux sur le siège passager et le bas des jambes à l’extérieur du véhicule. Ce dernier, voyant qu’il risquait de basculer dans le vide avait alors fait usage de Se sentant en danger
Henri Lenfant redémarre alors la voiture et accélère. Alexandre B., toujours à genoux sur le siège passager, l’extrémité des jambes dans le vide, s’acharne à rester dans le véhicule. Se sentant en danger, il a sorti son arme et tiré, atteignant mortellement Henri Lenfant. “J’ai ouvert le feu, je n’avais pas d’autre solution” a dit le militaire à la barre, cité par L’Union de Reims.
Selon son avocat, Me Sébastien Busy, du barreau de Reims, le Gendarme qui a dû quitter l’intervention spécialisée après le drame est « très affecté » par cette affaire.
Commentaire
‘Le Procureur général a requis au profit d’une voie autre que l’usage des armes en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée tel que défini à l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure
Un choix opéré par des magistrats professionnels, dont on peut et doit comprendre la symbolique affichée aux yeux des représentants de l’ordre et la crainte d’une extension de la forme d’ application jugée.
Sa réquisition de peine à 2 ans d’emprisonnement sur les 20 maximum prévus, affichait peut être la volonté d’une sanction de principe de sorte à satisfaire la partie civile, une certaine opinion publique et surtout à effet dissuasif sur les F.O par rapport aux potentialités offertes par le C.S.I.
Cela aurait me semble t il valu une analyse de la VDG éclairée par des juristes.
La législation emporte la saisine d’une cour d’assises à juré populaire après celle d’une cour d’assises criminelle, ceci va faire porter un poids non négligeable sur les épaules de son jury et particulièrement de ses 3 magistrats face au message envoyé par l’un des leurs : le représentant de la société. »
Le clic sur Poster un commentaire n’ayant pas eu d’effet, je me permets de vous transmettre mon sentiment par une autre voie.
Il me semble opportun que les deux décisions, acquittement et appel, suggèrent une analyse pour l’éclairage de lecteurs qui ne sont pas tous gendarmes ou ne disposent pas de la sensibilité utile et nécessaire à l’appréciation du choix exprimé.
Cordialement
Christian Pujol – Gap (05)
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