Corrèze : souvenir René-Joseph Décout

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L’ancienne caserne de la compagnie de gendarmerie départementale et de la brigade de gendarmerie d’Ussel quittée par la gendarmerie en 2014 et l’implantation de ces unités dans la caserne de la Jaloustre au sein de l’escadron 43/2 de gendarmerie mobile.

Cette résidence non habitée pendant plusieurs années, a été achetée par le département de la Corrèze qui avec la société Corrèze habitat a prévu sa réhabilitation en logements sociaux. Cette transformation a duré plusieurs années et vient d’être inaugurée par la mairie d’Ussel, le président du conseil départemental et le conseil d’administration de Corrèze habitat le mardi 14 novembre.

Cette caserne avait été inaugurée avec l’appellation Caserne René Décout, le 25 juin 1983 en présence du Commandement des anciens résistants, des anciens de l’Armée secrète de Haute-Corrèze et de l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la résistance, par le docteur Jean Sireix.

La construction de la caserne a été réalisée en 1847 dans l’ancien couvent des Ursulines. Dans la continuité de la gendarmerie, il avait été implanté la prison et le palais de justice. Cette caserne a abrité durant de très longues années le siège de la Gendarmerie de la Haute-Corrèze, avec la brigade à cheval dont les écuries se trouvaient en lieu et place des actuels garages, la brigade territoriale de la gendarmerie départementale et le siège de la compagnie de la gendarmerie départementale du canton d’Ussel.

Le Gendarme René-Joseph Décout, était un des militaires armant cette unité territoriale pendant la guerre mondiale 39/45. Il était né le 17 février 1902 à Saint-Denis-de-Jouhet dans l’Indre, fils d’Alexandre Décout et de Marie Yvernault. René-Joseph Décout effectue son service militaire dans le 13ème régiment de Dragons à Melun en 1922. Il s’engage en tant que garde à cheval à la Légion de la Garde Républicaine mobile le 22 décembre 1932 où il sera affecté respectivement à la 7ème, 6ème et 2ème Légion. Le 13 janvier 1937, il est affecté à la 12ème légion de gendarmerie du Limousin en tant que Gendarme à pied à la brigade d’Ussel. A compter du 1 janvier 1944, René-Joseph Décout est entré dans la résistance et ce jusqu’à son décès en juin 1944. Il est Gendarme et résistant en Haute-Corrèze.

C’est dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, que le capitaine Noël et le lieutenant Pujol, commandant respectivement le 1er régiment de France et la gendarmerie d’ussel, se mettent sous les ordres de Jean Craplet, dit Muret. Ce dernier prend alors la décision de faire cerner le groupe scolaire Jean Jaurès, à l’intérieur duquel se trouve la garnison allemande d’Ussel, par le1er régiment de France et la Gendarmerie. Quelques unités de l’A S, essentiellement composées par des sédentaires complètent ce dispositif. Malgré les précautions prises lors de l’approche, les allemands entendent les combattants français et ouvrent le feu. Ce 9 juin 1944, au matin, René-Joseph Décout, Gendarme à la brigade d’Ussel, tombe mortellement blessé en portant l’ordre de cesser le feu à ses camarades postés autour du groupe scolaire Jean-Jaurès où s’était retranchée la garnison allemande.

Il est tombé en soldat, pour la libération de la patrie. A ce titre, il a droit au souvenir reconnaissant de tous les français. Son passé de résistant est moins connu, mais combien attachant. Il fut sans doute, dans la Gendarmerie, un des premier à franchir le Rubicon et rejoindre la résistance française de la Haute-Corrèze. Répondant à l’invite de son ami Maurice Champeyrol, garçon extraordinaire, un des pionniers de la résistance en qui il avait une absolue confiance. René-Joseph Décout s’engagea résolument dans le camp de ceux qui luttaient pour libérer le pays pour en chasser l’ennemi. Et ce n’était pas sans mérite surtout pour un représentant de l’ordre à une époque où les jeux étaient loin d’être faits et l’issue de la guerre pas du tout évidente. Il fut dès lors pour la résistance un atout précieux. Les informations très souvent importantes recueillies aux sources et transmises par son correspondant aux responsables clandestins, permirent d’éviter nombre d’arrestations et d’affrontements dangereux.

Nul ne peut savoir, combien de patriotes doivent leur vie ou leur liberté au travail obscur et discret de cette équipe magnifique, qui poursuivit son action jusqu’au débarquement sans que le manège fut éventé.

Une plaque commémorant le souvenir de René-Joseph Décout est apposée sur la façade de cette caserne de Gendarmerie d’Ussel le 24 juin 1983.

Il est décoré de la Médaille militaire à titre posthume mais vu l’isolement de la section la médaille lui a été remise avant la mise en bière. Il fut également proposé pour une citation à l’ordre de l’armée à titre posthume avec le libellé suivant « Gendarme d’une haute conscience morale, patriote ardent, a accepté le combat contre les allemands à un contre trois. A trouvé une mort glorieuse au court d’un engagement qui a mené la capitulation de la garnison allemande d’Ussel forte de 180 hommes ». Son nom est gravé au monument aux morts de la ville d’Ussel, ainsi que sur l’ancienne brigade de Gendarmerie. Le Gendarme René-Joseph Décout était marié et père d’un enfant. Il est inhumé juste après son décès au cimetière de Crevant dans l’Indre.

Jean Even, président de l’Ud19.

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