À Saint-Astier, l’émouvant adieu de ses frères d’Arme à “Breit”, grande figure de l’intervention professionnelle et du franchissement

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Le cercueil de Breit a été porté par ses camarades de l'IP et du franchissement du CNEFG (Photo Cab-com CNEFG)

La Gendarmerie, et plus spécialement la “famille” de l’intervention professionnelle, “l’IP”, a conduit à sa dernière demeure, ce mercredi, à Saint-Astier (Dordogne), où est installé le Centre national d’entraînement aux forces de Gendarmerie (CNEFG), l’un des siens, l’adjudant (ER) Yannick Breitenstein. Cet ancien soldat de montagne, qui a fait son dernier voyage habillé dans la tenue blanche des éclaireurs de montagne avec le béret alpin, est décédé vendredi 16 juin à Briançon- le lendemain de la Saint-Bernard, saint patron des troupes de montagne. Il a trouvé la mort dans ce briançonnais qu’il aimait tant, lors d’une course dans le massif des écrins avec son camarade et ami, le général de division Stéphane Bras, ancien chef de corps du CNEFG. (2016-2019). Très gravement blessé, ce dernier est toujours hospitalisé.

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Yannick Breitenstein avait commencé dans les troupes de montagne à 19 ans. Sorti sergent de l’École militaire de haute-montagne de Chamonix au sein de la 52ème promotion des sections d’éclaireurs de montagne (SEM), l’exigeant creuset des soldats d’élite de montagne, il avait rejoint le prestigieux 159ème régiment d’infanterie alpine de Briançon, le 15/9 également appelé le “régiment de la neige”.

Breit était un amoureux de la montagne. Dernièrement avec la veste blanche des troupes de montagne (Photo DR)

Après dix ans à Briançon, d’abord à l’unité délite du régiment, la section de renseignement (SR), puis comme instructeur au centre national d’aguerrissement en montagne/159 (CNAM) après la dissolution du régiment en 1994, Yannick, alors sergent-chef, a intégré directement la Gendarmerie. Il a servi successivement à Annecy au peloton d’intervention de l’escadron 22/5, à la brigade de Château-Ville-Vieille dans le massif du Queyras (05), au CNEFG pendant cinq ans, au PSIG de Briançon pendant trois ans, peloton motorisé de Villefranche-de-Lauragais (31) pendant deux ans avant de revenir au CNEFG en 2016. Il avait pris sa retraite anticipée en 2021 et retiré près de Saint-Astier, avait monté une entreprise d’élagage en Dordogne, au nom en forme de clin d’oeil “le géant du vert”.

Un très bel adieu avec des témoignages poignants

Lors d’une cérémonie poignante en l’église de Saint-Astier, sa famille, ses amis, et ses camarades lui ont rendu un très bel hommage. La Gendarmerie, et tout spécialement la famille du CNEFG a accompagné son “Breit” pour son dernier voyage. Signe de l’estime et de la reconnaissance portée par la Gendarmerie à l’adjudant retraité (et dans la réserve opérationnelle de 2ème niveau), trois généraux étaient présents aux côtés d’une foule de militaires du centre, dont nombre d’anciens qui avaient fait le déplacement : le général Bertin Malhet, chef de corps du CNEFG, et deux de ses prédécesseurs, le général de division (2s) Michel Pidoux, et le général Eric Lamiral, adjoint au directeur des opérations et de l’emploi.

Les Gendarmes de montagne avaient également envoyé une délégation en tenue de tradition du CNISAG, le centre national d’instruction au ski et à l’alpinisme, dont un officier ayant servi comme sous-officier avec Yannick Breitenstein au peloton d’intervention de l’escadron d’Annecy, également représenté par un détachement. Le GIGN, aux liens étroits avec le CNEFG, et dont les membres passent leur brevet de franchissement à Saint-Astier, comptait un de ses membres dans la haie d’honneur qui a salué le cercueil du défunt à la sortie. À noter la participation de nombreuses associations d’anciens combattants et d’anciens Gendarmes avec leur drapeau.

C’est “Marco”, un instructeur du centre très proche de “Breit”, qui a lu un très bel éloge funèbre mêlant sentiments personnels, anecdotes et lecture de témoignages de camarades. En retraçant sa carrière, il évoque son passage des troupes de montagne de l’armée de Terre à la Gendarmerie : “tu changes de maison, toujours militaire, avec tes valeurs, ton savoir-faire et ton savoir-être! » puis énumère ses qualités: “rigueur, discipline, engagement, dépassement de soi, entraide, cohésion, abnégation ont rythmé ta vie” avant de mettre en exergue une tranche de sa vie professionnelle, révélatrice de la personnalité de ce militaire cherchant toujours à se perfectionner, : “à 40 ans, tu pars gagner à Mont-Louis, au CNEC, ton brevet d’instructeur commando, tu passeras aussi par la portière pour le brevet para, belle exemple de remise en question” .

Sélection de témoignages lus pendant la cérémonie

« Nous sommes heureux être fiers d’avoir partagé une partie de ta vie. Tu étais notre chef de cordée, rôle que tu as rempli jusqu’au bout.. Toi qui avait l’art de cultiver l’amitié avec réserve mais vérité et sincérité. Ta bonne humeur et ton rire irradiaient les moments ennuyeux. Comment les oublier ?

Que de si bons souvenirs avec une si belle personne, un père Noël qui a illuminé les yeux de nos enfants”

“Brave; robuste; entier; inarrêtable; tendre, un grand monsieur, un grand instructeur, un exemple”

“Tes qualifications, tes brevets, sont une chose, mais le plus important est la manière dont tu mettais en lumière tout ce savoir, avec ta pédagogie à laquelle on ne pouvait qu’adhérer, néanmoins toujours avec justesse et sans concession”

“La titi, son plus beau bureau, la sagesse du montagnard, le coeur sur la main, son chapeau de brousse, tes yeux d’enfants lorsque tu gérais du matériel neuf de franchissement”.