Un Gendarme blessé dans un attentat à Djibouti décoré de la médaille des victimes du terrorisme

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Henri Malfatti entouré de ses camarades de l'UNPRG dont Jean Even à gauche.(Photo DR)

Un Gendarme retraité, Henri Malfatti, blessé en 2014 lors d’un attentat à Djibouti où il était en mission comme réserviste, arbore désormais la médaille nationale de reconnaissance aux victimes de terrorisme. Il l’a reçue ce mercredi 11 mars à la préfecture de la Corrèze, lors de la cérémonie en mémoire des victimes des actes de terrorisme. Vice-président de l’Union départementale des personnels et retraités de la Gendarmerie (UNPRG), il était entouré de ses camarades de l’association et d’anciens combattants. (*)

Henri Malfatti a reçu la médaille des mains du préfet Alain Veau (Photo DR)

Le lieutenant-colonel honoraire Henri Malfatti est à notre connaissance le premier Gendarme, et l’un des premiers militaires, à recevoir cette distinction créée en 2015 après les attentats et qui en 5ème position dans l’ordre protocolaire des décorations.

Un des premiers du GIGN

En lui remettant cette médaille, le préfet de la Corrèze, Alain Veau a rappelé les circonstances des faits lui valant l’attribution, publiée au Journal officiel du 30 juin 2019 de cette médaille. Il a aussi rappelé les états de service de ce grand ancien du GIGN, qui a été au début de l’aventure du Groupe au fort de Charenton comme le rappellent Christian Prouteau et Jean-Luc Riva dans leur livre « Nous étions les premiers« .

Après cinq ans dans l’armée de terre au 54ème régiment d’artillerie anti-aérienne, Henri Malfatti avait rejoint la Gendarmerie et l’escadron para de Mont-de-Marsan. Il avait fait partie des volontaires pour rejoindre le GIGN en 1976 lors de la fusion des GIGN 1 et 4.

Réserviste à Djibouti

C’est comme officier de la réserve opérationnelle qu’il a rejointe au milieu des années 2000 à la fin de sa carrière dans l’active qu’il a été victime de l’attentat de Djibouti le samedi 24 mai 2014. Les circonstances de ce drame sont détaillées sur le site de l’association française des victimes de terrorisme.

Sélectionné pour former des Unités de Police à Djibouti et en Mauritanie, il se trouve pour la 3ème fois à Djibouti ce jour-là.

Avec des camarades dont des employés d’une société de sécurité privée, il est attablé au restaurant « La Chaumière », un établissement prisé des expatriés.

Il est environ 20 heures lorsque deux terroristes, un homme et une femme voilée, pénètrent dans ce restaurant et activent leur ceinture d’explosifs, tandis que des complices jettent des grenades de l’extérieur.

Un ressortissant turc est décédé et une vingtaine de personnes sont blessées, certaines grièvement, dont sept Français.

Le lieutenant-colonel Henri Malfatti participe aux opérations de secours, puis est conduit à l’hôpital militaire des Forces Françaises. L’attentat sera revendiqué par les islamistes somaliens Shebab, affiliés à Al-Qaïda.

Dans un communiqué, ils déclarent avoir visé des français pour « leur complicité dans les massacres de musulmans » en Centrafrique et pour « leur rôle actif dans la formation et l’équipement des troupes djiboutiennes en Somalie ainsi que leur intervention croissante dans les affaires (des) terres musulmanes ».

Cité trois fois à l’ordre de la Gendarmerie

Henri Malfatti, cité trois fois à l’ordre de la Gendarmerie et deux fois à l’ordre la brigade a été blessé à plusieurs reprises pendant sa carrière.

Notamment en Guyane en 2000 lors d’une opération de rétablissement de l’ordre. Cette blessure lui a valu outre une citation, la croix de chevalier de Légion d’honneur et l’inscription au livre d’or de la Gendarmerie.

Médaillé Militaire, chevalier de l’ordre national du Mérite, il est également titulaire de la médaille de la Gendarmerie Nationale avec trois étoiles, et de la médaille de vermeil pour acte de courage et dévouement.

Une médaille qui ouvre une porte à d’autres Gendarmes et militaires

Cette médaille de reconnaissance des victimes de terrorisme, accordée en juin 2019 au lieutenant-colonel Henri Malfatti, revêt une importance toute particulière pour les autres Gendarmes et militaires des armées s’estimant victimes d’actes de terrorisme. Par exemple, pour les paras victimes de l’attentat du Drakkar. Mais aussi pour les Gendarmes, morts ou blessés ou pris en otage lors des événements de Fayaoué et d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. Elle ouvre une porte pour les militaires car le Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) recommande de ne pas attribuer cette médaille aux militaires.

« Le militaire blessé ou tué n’est pas une victime » selon le HCECM

En effet, dans son rapport de septembre 2019, le Haut comité d’évaluation de la condition militaire qui estime que « le militaire blessé ou tué n’est pas une victime« .

Il considère, « eu égard à son objet, que la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme ne devrait pas être attribuée à des militaires tués ou blessés dans le cadre de leur mission ».

Le HCECM recommande également de reformuler le dispositif issu de la loi du 23 mars 2019, codifié à l’article L126-1 du code des assurances relatif au fonds de garantie des victimes du terrorisme, qui assimile le militaire à une victime. « S’il n’y a pas de raison d’exclure les militaires du bénéfice de ce fonds, la formulation retenue par la loi est impropre, car en contradiction avec le statut des militaires » écrit l’organisme qui préconise de corriger la formulation.

(*) Présidée par Jean Even