Orpaillage illégal : comment les Gendarmes et militaires de Guyane ont fait reculer les “garimpeiros”

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Un barrage flottant a été mis en place pour empêcher les logisticiens de soutenir les orpailleurs clandestins (Photo DC/LVDG)

La lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) en Guyane sera au coeur de la visite du président de la République qui débute ce lundi. Quatre cents sites illégaux, 7.200 chercheurs d’or clandestins, sept à huit tonnes extraites illégalement: l’état des lieux fait à l’occasion du bilan 2023 de la lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane, présenté fin février est vertigineux. 
 “Nous restons quand même à un niveau de prédation insupportable”, a reconnu fin février le préfet de Guyane Antoine Poussier.  
Malgré des moyens militaires considérables mis en place dès 2008 dans le cadre de l’opération Harpie, dotée de 70 millions d’euros par an, la France n’a pas réussi à éradiquer cette ruée vers l’or venue des voisins brésilien et surinamais.

Sur le même thème : Gendarmes et forces armées guyanaises ensemble au sein d’Harpie sur le front de l’orpaillage illégal

Pour autant, les Gendarmes et militaires de Guyane sont parvenus à faire reculer les “Garimpeiros” comme la Voix du Gendarme a pu le constater lors d’un reportage en Guyane publié en décembre dans son magazine. Extraits choisis.

270 militaires mobilisés en permanence dont 53 en forêt

Spécifique à la Gendarmerie de Guyane, engagée dans l’âpre mission Harpie avec les Forces armées guyanaises (FAG), (9e régiment d’infanterie de marine et 3e régiment étranger d’infanterie), la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) mobilise en permanence 270 militaires dont 53 par jour en forêt.

Ce travail inlassable, aussi dangereux qu’ingrat, mais indispensable, finit par payer avec des résultats très encourageants se traduisant en particulier par une forte augmentation de suspects écroués et de saisie de matériels et d’avoirs criminels (infographie ci-contre).

La Gendarmerie, exerce la compétence générale de police judiciaire sur le ressort de la forêt équatoriale qui représente 96 % de la superficie de la Guyane et qui fait partie à 95 % du domaine privé de l’État. D’année en année, les “garimpeiros” perdent du terrain. Leur nombre était estimé à 8 200 en 2021, et a baissé de 21 % puisqu’il était estimé en 2022 à 6 450.

Mais la tâche est immense. Ainsi, le Parc amazonien de Guyane (PAG), a recensé en août dernier dernièrement, sur le territoire qui le concerne, la présence de 143 chantiers d’orpaillage illégal. Ces sites, principalement concentrés sur la façade Maroni, bénéficient du soutien logistique de comptoirs chinois installés sur la rive surinamaise du fleuve, constate le parc amazonien.

Jararaca : une opération “miroir” de chaque côté de la frontière

Organisée tous les six mois, la dernière opération Jararaca s’est déroulée pendant trois semaines, de fin septembre-début octobre 2023, et a été synchronisée avec une opération “miroir” analogue du côté brésilien. Dix Gendarmes de l’escadron 26/2 de Bouliac, trente-quatre légionnaires du 3e REI et quatre agents du Parc amazonien de Guyane (PAG) sont intervenus dans trois secteurs du bassin de la Camopi, dans le cadre de cette opération d’envergure en complément du poste de contrôle fluvial de l’Approuague (lire par ailleurs) et l’occupation permanente du site primaire de Grande Usine par les forces Harpie. Un assaut héliporté simultané de cinq patrouilles a été mené sur des sites inaccessibles à pied.

Le bilan est éloquent : un chantier primaire actif, sept chantiers alluvionnaires actifs, quinze campements actifs ainsi que plusieurs zones de cache ont été « traités ». Plus de quarante carbets ont été neutralisés avec la saisie de moteurs, motopompes, quads, pirogues et des moyens de communication ainsi que des armes.

Dans le même temps, une opération miroir a été conduite par les forces armées brésiliennes sur des sites d’orpaillage illégal de l’autre côté de la frontière. Des patrouilles communes réunissant des militaires français et brésiliens sont également régulièrement conduites sur le fleuve.

D.C