Le PGHM de Grenoble, unité mythique : 60 ans de secours en montagne

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PGHM 38

Le Peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne (PGHM) de l’Isère, installé au Versoud, près de Grenoble, a fêté son soixantième anniversaire. La Voix du Gendarme y était.

Sous le soleil, dos à la Chartreuse, face à Belledonne, avec l’Oisans et le Vercors en lointaine toile de fond, dominant la vallée du Grésivaudan, où se trouve leurs locaux sur l’aéroport du Versoud, le peloton de Gendarmerie de haute-montagne de l’Isère a fêté son soixantième anniversaire dans le magnifique cadre du château du Touvet mis à sa disposition par le marquis et la marquise de Quinsonnas.

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Le chef d’escadron Patrick Poirot, qui aura fortement marqué l’unité de son empreinte, vit ses dernières semaines à la tête de l’unité. Il termine ainsi en apothéose sa carrière de Gendarme, de sauveteur et de commandant d’unité. Il va partir à la retraite dans quelques semaines. C’est son adjoint, le capitaine Rémi Pélisson qui va lui succéder.

Décorés en famille

Au cours de la cérémonie militaire, le major Florent Merlet et le chef Mathieu Dvorak, rescapés d’un accident d’hélicoptère dans le Vercors un mois plus tôt, ont été décorés de la médaille de la Gendarmerie. Pour avoir mené à bien un secours en rivière particulièrement délicat l’adjudant-chef Jérôme Corral et l’adjudant Nicolas Grandjean ont reçu la médaille d’honneur pour actes de courage et de dévouement.

Après la cérémonie militaire, les retrouvailles se font dans les éclats de rire et de voix. Elles sont à nulles autres pareilles dans le petit monde du secours en montagne car Gendarmes, CRS, équipages d’hélicoptères, médecins, personnels des SAMU, spéléologues, sont tous de la même famille.

Rassemblement exceptionnel

Parce qu’ils se sont parfois connus dans la tourmente des secours difficiles, le froid, le brouillard et le vent, quand la vie de l’un dépend de l’autre, celui qui est devenu général et celui qui est resté sous-officier se tapent sur l’épaule quand ils se retrouvent.

Au Touvet, pour ce rassemblement exceptionnel, une dizaine de généraux étaient présents, dont un ancien directeur général (Guy Parayre) et, honneur à lui, Maurice Lallement, créateur de la spécialité montagne au sein de la Gendarmerie. Comme les officiers, sous-officiers de l’Arme, tous ont répondu avec empressement à l’invitation du préfet de l’Isère, Laurent Prévost et du général de corps d’armée Laurent Tavel, commandant la région Auvergne-Rhône-Alpes de la Gendarmerie nationale. 

Les anciens au rendez-vous

Parmi les anciens commandants de groupement présents, le général d’armée Guy Parayre, ancien DGGN, les généraux Jean-Philippe Lecouffe, Jean-Valéry Letterman et Jean-Luc Villeminey (Photo AV)

Parmi les anciens, “Jojo” Claudel (27 ans au PG), Joël Veyret (24 ans puis, aujourd’hui président de “Ceux du PGHM”), ou Yves Hervé (22 ans), ou encore Henri Baratz, le Pyrénéen, sont les dépositaires du début de l’histoire de l’unité iséroise. Commencée à Echirolles avec neuf militaires, elle s’est poursuivie à Pont-de-Claix (1972),puis à Grenoble (1981) avant de s’installer sur l’aéroport du Versoud (1999).

Trois anciens dans la magnifique propriété du Château du Touvet, de gauche à droite : Georges Claudel, figure du PGHM de l’Isère où il a servi de 1966 à 1993, Anne-Marie Claudel ; Aline Baratz, Henri Baratz, ancien commandant de l’unité (1982 à 1987) ; Corinne Roth et François Roth (2007 à 2011)

La technologie au secours des secours

Avec Robin Joubert puis Henri Portet, s’ouvrait le deuxième chapitre au cours duquel le groupe de spéléologues fut créée en Isère (basé à Oloron-Sainte-Marie, l’autre est opérationnel sur les Pyrénées). Les choses allant désormais plus vite, c’est Patrick Poirot qui ferme le troisième chapitre, plus court, sous le signe de “la technologie au secours des secours”. Créée en 2018, la cellule spécialisée du peloton a mis au point Gendloc, un système qui permet depuis l’hélicoptère de localiser au mètre près une victime (ou une personne présente avec elle grâce à son téléphone, ce qui fait économiser un temps précieux et de coûteuses heures de vol. C’est un progrès aussi révolutionnaire que le fut la médicalisation des secours avec le SAMU de Grenoble dans les dans les années 70.

Le colonel Jérôme Grange, commandant le Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la Gendarmerie, le major Philippe Boric, de l’Unité de coordination technique montagne (UCTM) et l’adjudant-chef Jérôme Corral, du PGHM de l’Isère, décoré de la médaille pour actes de courage et de dévouement

Le capitaine Rémi Pelisson, et ses 26 sauveteurs -et aussi enquêteurs en milieux montagneux et difficiles d’accès- auront la charge d’écrire la suite. Elle sera, à n’en pas douter, à la hauteur de l’épopée vécue par les 107 secouristes qui portèrent la légendaire “tarte” alpine depuis la création de l’unité, désormais solidement installée à trois pas de la base-hélicoptère de la Sécurité civile depuis 1999.

Le peloton de la verticalité

Charles Augerot, est la figure emblématique du PGHM de Grenoble. Lui qui expliquait avoir fait, comme Gendarme, ses premiers secours en montagne dans le Djurdjura, en Algérie fut muté à Chamonix en 1958 pour y installer la première unité de Secours en montagne de la Gendarmerie. Premier guide de haute-montagne de l’Arme, il fut chargé trois ans plus tard, de créer une unité semblable à Grenoble, la troisième après celle de Bourg-Saint-Maurice. Ils étaient neuf au départ. D’une quinzaine de sauvetages par an au début, le PGHM de l’Isère en réalise en moyenne 450 ces dernières années. Depuis sa création, l’unité a réalisé 12 000 interventions et assisté 13 000 personnes. C’est “un peloton de la verticalité composé de héros du quotidien” dit le général Tavel.

Durant les 40 premières années, le PGHM 38 a connu six commandants (Augerot, Secrétant, Baratz, Joubert, Portet, Tavart) et six autres depuis (Quiblier, Bétaille, Rigaud, Grange, Poirot, Pelisson -qui arrive). N’oublions pas Jojo Claudel qui fut à l’école d’Augerot et devint le précieux adjoint de ses cinq successeurs, ni Yves Hervé, qui fit partie de la première équipe, tous deux présents au Touvet.

Actuellement le plus ancien en service, Olivier Reymond, est arrivé au Peloton en 1993, Gilles Da Fonseca l’a rejoint en 1994 et Benjamin Rongier en 2004. Les plus jeunes, sont une dizaine, arrivés au Versoud il y a quatre ans, dont trois en 2021.

Hélas, trois membres de l’unité sont morts en intervention : André Chatain et François Albert, le 20 décembre 1989 à Temple-Ecrins; Pierre Nicollet, le 20 août 1994 à la Barre des Ecrins en Oisans. Hommage leur a été rendu en présence de membres des familles.

Sur la tribune, à l’issue de la cérémonie de remise de la médaille des 60 ans du PGHM de l’Isère (de droite à gauche) : le chef d’escadron Patrick Poirot, commandant l’Unité ; le général Yann Tréhin, commandant la Gendarmerie de l’Isère ; la marquise de Quinsonas, propriétaire du Château du Touvet ; le général Maurice Lallement, créateur de la spécialité montagne en Gendarmerie ; le général Laurent Tavel, commandant la région de Gendarmerie ; le préfet de l’Isère, André Gonnet, représentant la maire du Touvet, Mme Laurence Théry ; M. Christophe Suszylo, maire du Versoud (ou est caserné le PGHM de l’Isère)