Les Gendarmes de la Section de recherches (S.R.) de Rouen viennent de démanteler à Saint-Aubin-les-Elbeuf (Seine-Maritime) la plus grande fabrique de cigarettes de contrefaçon en activité en France. Plus de cent tonnes de produits contrefaits dont 55 de tabac manufacturé et 18 de résidus de tabac et déchets de cigarettes ont été saisis. L’opération a été conduite le 12 janvier avec l’appui de plusieurs unités (*).
Sur le même thème : Drogue et blanchiment à gogo : gros coup de filet de la Gendarmerie et d’Europol
Au total, la valeur marchande des saisies s’élève 13 750 000 euros. Outre les cigarettes, les paquets contrefaits et le résidu de tabac, les enquêteurs ont également mis la main sur plusieurs véhicules, tels qu’un tracteur et un semi-remorque de 38 tonnes chacun, ainsi que sur un véhicule break, un fourgon, des élévateurs, des transpalettes et divers outillages et appareils électroménagers. Neuf individus, tous étrangers, et principalement de nationalité moldave, sont mis en examen, notamment des chefs de “détention en bande organisée de marchandises contrefaites, importation en contrebande et en bande organisée de produits de tabac manufacturé et de marchandise présentée sous une marque contrefaite”. Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire, les cinq autres sous contrôle judiciaire. Quatre Obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont également été notifiées au regard de leur situation irrégulière. L’enquête a débuté fin 2022 à la suite d’un renseignement émanant d’Europol faisant état d’un possible trafic international de cigarettes de contrefaçon orchestré depuis un entrepôt situé dans une zone industrielle de Saint-Aubin-les-Elbeufs, près de Rouen.
Les investigations ont confirmé les soupçons et permis d’établir l’existence de rotations de camions aux cargaisons volumineuses suspectes. Les enquêteurs ont alors découvert une véritable usine de fabrication de cartouches de cigarettes avec une production quasi-industrielle, dans des conditions d’hygiène et de sécurité non conformes.
Trois zones d’activités ont été clairement identifiées détaille GendInfo. Tout d’abord une zone de production comprenant deux chaînes, l’une servant à confectionner les cigarettes à partir de tabac brut, et l’autre dédiée au conditionnement en paquets, puis en cartouches filmées de cigarettes contrefaites, au nom d’un fabricant bien connu du marché.
Ensuite, une zone de stockage des produits “manufacturés”, conditionnés en cartons sur des palettes filmées prêtes à partir, ainsi que des déchets issus de la production de tabac.
Enfin, une zone de vie comprenant un dortoir équipé d’une quinzaine de couchages, d’un coin cuisine, d’un coin repas et d’un coin détente, permettant ainsi aux protagonistes de vivre en totale autonomie, notamment grâce à la présence d’un groupe électrogène.
Le parquet de Rouen s’est dessaisi du dossier au profit de la JUNALCO (Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée) de Paris. La S.R. de Rouen est désormais cosaisie avec le Service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF), l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et le Groupe interministériel de recherches (GIR) de Rouen.
(*) Peloton spécialisé de protection de la Gendarmerie (PSPG) de Penly (76), de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 21/3 de Mont-Saint-Aignan (76), du Groupe d’observation surveillance (GOS) de Rouen, du groupement de gendarmerie départementale de la Seine-Maritime, et de la Section d’appui judiciaire (SAJ) de la région de Gendarmerie de Normandie. C’est d’ailleurs la plus grande fabrique de cigarettes de contrefaçon en activité en France qu’ont démantelée les enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Rouen,