Faut-il faire d’un cas particulier une généralité ? La raison, la logique même, nous conduisent à rejeter ce raisonnement simpliste. Il suffit pourtant d’observer l’actualité pour se rendre compte que ce principe critiquable est largement usité. Un fait divers donne lieu à une généralité sur l’augmentation de l’insécurité, alors que cette même insécurité se bâtit sur de multiples actes d’incivilités ou d’agressions dont on ne parle pas parce qu’ils n’ont pas d’intérêt médiatique.
Revenons sur un de ces événements qui a nourri la rubrique faits divers d’un journal local.
Le 18 Avril 2018, l’adjudant Pascal Guldenfels de la BMO de Belley (01) dit « Gus », a été amputé de sa jambe droite après avoir été percuté volontairement lors d’un contrôle routier par un motard refusant d’obtempérer à deux reprises. L’homme âgé de 19 ans, qui a pris la fuite, circulait sans permis de conduire, sans assurance et en état de récidive légale. Identifié, il a été contraint de se rendre le soir même à la gendarmerie et a été incarcéré.
Condamné à 5 ans de prison ferme le 9 Juillet 2019, la liberté conditionnelle avec un bracelet électronique lui est octroyée le 29 Janvier 2020 par le juge de l’application des peines de Bonneville (74), soit après seulement 22 mois d’incarcération. A noter qu’en décembre 2019, il a écopé à nouveau de 12 mois de prison dont 6 mois avec sursis pour un délit routier antérieur à l’accident du 18 avril 2018.
Le juge d’application des peines est certes souverain, mais mesure-t-il l’impact de sa décision ? Aussi bien sur le bien-fondé du jugement prononcé par des magistrats que sur l’appréciation portée sur la justice par les
citoyens mais surtout par les forces de l’ordre, auxiliaires de cette même justice. Les justiciables sont également impactés par cette décision, y voyant assurément le signe d’un laxisme qui leur profite et les conduit à penser qu’ils peuvent agir dans une certaine impunité.
Cette situation nous révolte, tout comme nos camarades d’active. Parce que finalement, la chose jugée est remise en cause, parce que l’on fait fi de la victime d’autant plus qu’elle est un membre des forces de l’ordre, parce que les malfaisants et les imbéciles sont peu menacés. Et enfin parce que cette vague ajoutée à des milliers d’autres, attaque la dune de la démocratie et fait le lit d’un extrémisme qui, s’il arrive au pouvoir, balaiera les juges d’application des peines.
Les fonctions régaliennes et essentielles pour un pays comme le nôtre, qui prétend être un phare de la démocratie et de l’intelligence, sont en souffrance croissante depuis plusieurs années. La justice indubitablement, avec notamment une surpopulation carcérale chronique, mais aussi avec un fonctionnement extrêmement lourd et un manque de moyens criant. La Gendarmerie souffre également et n’est pas exempte de critiques mais elle fait en sorte d’assumer au mieux sa mission et de tirer les enseignements de ses erreurs. Dans nos casernes, point de « murs » de dysfonctionnements des autres ! (Le tristement célèbre mur des cons ; N.D.L.R)
Que jamais, j’espère, tous ces cas particuliers d’injustices, de carences, entrent en résonance dans l’esprit du peuple et le conduisent à balayer les institutions de la République, que l’on a mis tant de temps à bâtir et à consolider.
Salut fraternel à notre camarade ‘Gus’.
Henri Martinez, président de l’UNPRG