Dans cet entretien avec La Voix du Gendarme, Jean-François Charrat , capitaine de gendarmerie à la retraite, livre sa vision des défis auxquels sera confronté le nouveau chef de la Gendarmerie. Dans un contexte de transition ministérielle marqué par des tensions au sommet, il évoque les enjeux sécuritaires et budgétaires, mais aussi la nécessité d’une gouvernance interne restaurée. Face aux appels de certains nostalgiques pour un retour strict à la militarité, il plaide pour un équilibre entre tradition et modernité. Selon lui, le statut militaire ne doit pas être un prétexte pour imposer une discipline rigide et archaïque, mais plutôt un soutien à une adaptation continue aux réalités de terrain. La concertation, le respect des rythmes de travail, et une formation plus exigeante pour les nouvelles recrues sont au cœur de ses recommandations. Il conclut en soulignant l’importance de valeurs humaines et d’une approche pragmatique pour accompagner les gendarmes de demain dans un contexte social et technologique en constante évolution.
La Voix du Gendarme : Quel sera, d’après vous le principal défi du nouveau chef de la Gendarmerie qui vient d’être nommé ?
Jean-François Charrat (JFC) : Après des atermoiements liés à un changement de ministre de tutelle, celui dont le nom circulait pour exercer la fonction de directeur de la gendarmerie a été écarté à la faveur d’un lobbying forcené d’une partie de la haute hiérarchie. Dont acte.
Il n’en demeure qu’il sera face à des défis sécuritaire et budgétaire particulièrement complexes, tant la situation du pays est confuse. En interne, il devra s’attacher à fédérer les bonnes volontés tout en redonnant à la concertation la place qu’elle a perdu ces derniers mois.
Les chantiers sont nombreux mais un certain nombre de sujets se dégagent et doivent constituer sa préoccupation prioritaire.
Certains nostalgiques appellent à un retour à la militarité et à un « renforcement de ce qui est sensé constituer l’essence même de la Gendarmerie. » Le statut militaire ne doit pas constituer l’alpha et l’oméga d’un commandement, fût-il celui d’une Arme multiséculaire. Et même s’il est indissociable de son existence, il représente des valeurs que partagent d’autres fonctionnaires. Le savoir faire et le savoir être d’un gendarme n’est plus à démontrer. Il est le résultat d’une longue tradition qui puise ses racines dans son Histoire militaire et sa culture du sacrifice pour la sécurité de ses concitoyens.
Une fois écrit cela, revenir sur des mesures de justice concernant la pénibilité au travail et les repos nécessaires à l’exécution de missions chronophages et dangereuses, serait une hérésie. L’archaïsme du « c’était mieux » avant et le retour à une disponibilité sacralisée n’ont plus lieu d’être. Depuis les aménagements de leur temps de repos et lorsque la situation l’exige, les gendarmes répondent présent. Le statut n’interfère en rien sur cet état de fait. D’ailleurs les exemples qui illustrent une disponibilité de circonstance ne manquent pas, de la Martinique à la Nouvelle Calédonie pour les gendarmes mobiles, en passant par les recherches de disparition de personnes ou d’émeutes péri-urbaines. Quand la mission le réclame, l’adaptation et la disponibilité des gendarmes ne sont plus à démontrer. Mais dans le même esprit, on doit vivre avec son temps et permettre aux gendarmes de se reposer.
Vouloir revenir sur la DETT en mettant en avant l’érosion de l’état militaire est dépassé. La compétence des gendarmes est une constante et l’institution a réussi son évolution vers une adaptation aux contraintes d’un métier exigeant tout en offrant à ses personnels militaires une qualité de vie indispensable à leur équilibre.
Être arc-bouté sur la militarité et un retour à un arrimage aux armées conduiraient, sans aucun doute, à une désaffection du métier, voire à une accélération des départs anticipés. Les changements dans la vision d’une carrière, qu’elle soit civile ou militaire sont prégnants. Peu des jeunes recrues qui entrent dans la gendarmerie le font par vocation, la militarité étant juste un élément de la profession, pas un sacerdoce. Il y a donc une dichotomie entre ceux qui pensent que la solution au mal être des gendarmes passe par un retour à une discipline de fer et la nouvelle génération qui aborde la fonction comme un métier ordinaire.
On pourrait penser que le maillage des brigades sur 95% du territoire est mis en péril. Ce n’est pas le cas puisque les innovations d’aménagement de la surveillance et de l’intervention permettent de répondre très rapidement à un appel au secours.
La Voix du Gendarme : Certains revendiquent un retour à une rusticité tout en déplorant une perte de la culture militaire. La Gendarmerie serait-elle en danger ?
Jean-François Charrat (JFC) : La gendarmerie a entamé un virage adaptatif sous la houlette de Nicolas Sarkozy qui a toujours rêvé d’une seule force de police. Son espoir a été stoppé net par sa non-réélection en 2012. Mais le but était atteint. La gendarmerie, tout en conservant un statut militaire, relève désormais du ministre de l’Intérieur. Les mêmes dont le mutisme avait assourdi la communauté gendarmerie sur cette inéluctable volonté de regrouper toutes les forces de sécurité, déplorent aujourd’hui un manque de verticalité et une perte des valeurs militaires. Il aurait peut-être fallu qu’ils s’appliquent à eux-mêmes, à l’époque, la règle du savoir-faire et du savoir-être « …génératrice d’atouts comportementaux et opérationnels, au plus grand bénéfice de la Nation », on aurait peut-être échappé à la mise sous tutelle de la gendarmerie par le ministère de l’intérieur.
Cela étant dit, le volet des rémunérations catégorielles a toujours été au cœur des tractations de syndicats de police. Il est normal que la gendarmerie qui accomplit les mêmes missions que la police nationale soit alignée sur les grilles indiciaires. La dépréciation supposée des grades n’est qu’une manière détournée de tirer vers le bas les fonctions réellement assurées par chaque gendarme. En quoi un capitaine qui exerce les fonctions de commandant de brigade est-il préjudiciable au corps des officiers ? Sauf à dire que c’est un poste qui déprécie un corps qui s’estime indigne de son parcours professionnel. Le logement concédé par nécessité absolue de service est une constante déterminante dans l’emploi, notamment en brigade. Vouloir sacraliser la mobilité obligatoire en cas d’avancement revient à se priver de la connaissance de son environnement, des liens tissés dans la population et finalement de l’intégration des facteurs sécuritaires. Par expérience, ce qui produit la confiance de la population et nourrit le sentiment d’être utile ne s’acquièrent pas en deux ou trois ans. Il faut du temps pour que la qualité du service rendu porte ses fruits, notamment pour les gendarmes qui sont confrontés chaque jour aux misères d’une société qui perd ses repères. Les enjeux de sécurité se passent sur le terrain, pas derrière un bureau à comparer des chiffres dans un tableau ou à commenter des statistiques. Il faut donc que la mobilité ne soit pas une obligation, mais plutôt une variable du fameux « savoir-être et du savoir-faire ».
La Voix du Gendarme : Quelle doit être la place de la concertation ?
Jean-François Charrat (JFC) : L’histoire a prouvé qu’une hiérarchie à l’écoute produisait un sentiment de reconnaissance des petites mains plongées dans le cambouis. Revenir sur le principe de concertation conduirait à une fracture entre « ceux qui font » et « ceux qui font faire ». La verticalité du commandement n’est pas un dogme inébranlable. Laisser aux mains de certains hiérarques le droit de disposer de leurs subordonnés selon leur humeur ou les demandes, souvent déconnectées de la réalité, des politiques n’est plus concevable. La concertation, qui devrait être un outil incontournable au bien-fondé de situations conjoncturelles, a perdu peu à peu de son efficacité en raison essentiellement de la hiérarchisation du conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie. Quelques-uns s’en félicitent, beaucoup le déplorent.
Ce qui faisait la force de cet organe de proposition mais également d’équilibre entre des chefs tentés de régner par la crainte et d’autres plus complaisants, s’est peu à peu assoupi. Soit ses membres s’en servent de tremplin pour convoiter un poste ou une mutation, soit ils ont perdu la foi en constatant le verrouillage des volontés à porter la voix des gendarmes de terrain, soit enfin par manque de courage, ils font acte de présence en attendant la fin des sessions. En vampirisant les velléités de faire remonter l’information, ils ont laissé le champ libre aux APNM qui souffrent à garantir un langage de vérité. Il faut souligner les actions de Gendarmes et Citoyens qui visent à accompagner, aider et soutenir ceux qui rencontrent des difficultés à se faire entendre. Bien souvent, le « petit » gendarme affronte une hiérarchie qui peine à se remettre en question. Certaines affaires illustrent à la perfection ce combat du pot de terre contre le pot de fer. En appelant à la militarité comme principe fondateur, on veut étouffer dans l’œuf toute tentative de faire reconnaître le droit à se défendre. On ne peut que se féliciter enfin du dispositif de signalement commun à toutes les administrations, STOP-DISCRI pour la gendarmerie, qui permet à une victime ou un témoin de faits discriminatoires ou de harcèlement, de saisir l’inspection générale de la gendarmerie nationale.
La Voix du Gendarme : Le statut militaire n’est donc pas un frein à une certaine militarité ?
Jean-François Charrat (JFC) : Il faut se faire à cette idée. Le gendarme du XXI° siècle n’est plus ce « militaire pomme de terre » dont certains nostalgiques ambitionnent de faire renaître. Acteur de son époque, il veut profiter, en marge d’un métier passionnant mais dévorant, d’une vie normale où sa hiérarchie n’est pas le contrôleur de ses loisirs ou de ses envies. Il n’accepte plus qu’un chef autoritaire, quelquefois médiocre, transgresse les règles élémentaires de respect et de dignité. Il y a 30 ans, il pouvait, en toute impunité, utiliser sa position dominante pour appliquer des sanctions sans aucun garde-fou. En cas de faute de jugement, rares étaient ceux qui, rappelés à l’ordre dans le calme feutré d’un bureau d’état-major, faisaient l’objet de remarques. Le gendarme, lui devait vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de son képi, annihilant ainsi toute envie de se rebiffer. Cette époque est révolue et on doit remercier cette haute hiérarchie qui a su dépoussiérer le statut des militaires de la gendarmerie et d’avoir eu l’intelligence de le moderniser pour coller au plus près du slogan « une force humaine ».
D’ailleurs il n’y a pas de fragilisation pour la gendarmerie à accepter que ses personnels puissent déposer l’uniforme le temps d’un repos ou d’une permission. Parce que le gendarme est avant tout un homme ou une femme qui se reconnaitra dans un chef bienveillant et soucieux de son équilibre, on doit le protéger des malfaisants et des médiocres qui, sous prétexte d’avoir une légitimité de commandement outrepassent leur autorité. Rien ne sert d’être manichéen en la matière, car les faits sont têtus. Les faits de dérives despotiques, tyranniques et injustes se comptent en nombre. La saisine du dispositif de signalement, voire de l’APNM Gendarmes et Citoyens constituent un rempart à ces dérives et en préviennent de nouvelles. Un gendarme, quel que soit son grade, bénéficie d’un compétence qui lui permet d’avoir une expertise avérée et d’une expérience qui démontrent son implication dans la vie de la cité. Il est reconnu comme légitime à exprimer un avis éclairé sur bon nombre de sujets. On n’a pas le droit, parce qu’il est militaire, d’emboliser sa capacité à se défendre quand il est mis en cause par sa hiérarchie. Tous les jours, il est confronté à des auteurs d’infractions toujours plus protégés. Pourquoi lui enlèverait-on la possibilité, à lui qui est foncièrement honnête le droit de faire savoir qu’il subit une injustice. Comme je l’ai rappelé lors de mon départ de l’institution, j’ai connu des chefs que j’aurais suivi au bout du monde et d’autres, tellement mauvais que j’en ai oublié leur nom. Comme d’autres avant moi, j’ai subi l’autorité exacerbée de quelques-uns, sans qu’aucune faute ne m’ait été reprochée et sans le soutien de la chaîne hiérarchique. Certainement par esprit de militarité !
Cette fameuse militarité ne doit pas être un totem d’invulnérabilité pour le chef qui en abuse. Elle doit être un frein à l’autoritarisme de certains, comme une protection pour ceux qui, tout en étant ferme, seraient mis en cause injustement. La verticalité n’est pas un obstacle à la bilatéralité. Cette bilatéralité doit également se retrouver dans les régimes d’emploi des unités et notamment dans le temps de travail, insuffisant pour certains et encore trop important pour d’autres. Il serait facile de remettre en cause une instruction provisoire de 2016 faisant appliquer la directive européenne de 2003 sur le temps de travail qui prescrit, notamment un temps de repos physiologique obligatoire après une période d’activité, comme d’incriminer l’association qui en serait à l’origine. Les faits sont là, une décision supra nationale, émanant de la CJUE, a reconnu que, mises à part des missions de sécurité nationale, les militaires étaient avant tout des travailleurs. Il ne suffit pas de regretter aujourd’hui que le directeur général de l’époque, figure emblématique et aimée par ses subordonnés, a contrevenu à la volonté du chef de l’état, mais d’essayer d’en comprendre le mécanisme. Mais et surtout, le statut militaire doit être présenté comme un atout à un équilibre entre temps de travail de travail et repos. Les départs anticipés avant la limite d’âge, voire carrément avant d’atteindre une retraite proportionnelle doit fait l’objet d’une réflexion sur les raisons profondes d’un désamour de la profession. A ce sujet, la remarque pleine de condescendance du Major Général face aux parlementaires, qualifiant un groupe facebook privé sur les démissions, de déversoir démontre que la déconnection de certains grands chefs n’est pas une légende, mais qu’elle est ressentie comme une mesure défiance à l’égard de ceux qui tirent un signal d’alarme.
Il faut conserver à l’esprit que la gendarmerie est une spécificité dans le paysage des forces de l’ordre dans le monde. Très peu de pays ont conservé cette dualité. A l’origine, instituée pour faire respecter les lois, elle a perdu, à travers les siècles, ses missions militaires au profit de missions administratives et judiciaires. Hormis quelques centaines de personnels qui participent à des missions auprès des armées, la quasi-totalité concourt à la sécurisation du territoire français. Dès lors, il est normal que l’adaptation du temps de travail soit la règle aussi dans la Gendarmerie. Par le passé, des ministres ont pu s’étrangler sur cette transposition provisoire, elle est appliquée dans la Gendarmerie depuis bientôt dix ans, n’en déplaise à ses détracteurs, sans que cela ait déstabilisé une organisation multiséculaire.
La Voix du Gendarme : Quel est selon vous, l’effort à faire pour rendre attractif le métier ?
Jean-François Charrat (JFC) : La gendarmerie a su se remettre en question sur le temps de travail, elle doit le faire également sur la formation et plus particulièrement sur la formation continue. En termes de recrutement, on doit admettre que la gendarmerie n’a plus les faveurs de la nouvelle génération. Durant des années, on a été incapables de recruter le nombre de gendarmes-adjoints volontaires qui étaient pourtant inscrits dans la loi de finance. Après une baisse drastique des effectifs durant le quinquennat Sarkozy, le recrutement a été relancé mais la qualité des candidats était moindre. Je me souviens avoir été sur plusieurs sessions officier testeur et à chaque fois, je constatais que le niveau de culture générale, voire de comportement baissait. Pour remplir les trous à l’emploi, on a incorporé des jeunes gens qui n’avaient parfois pas le profil. Ce manque d’attractivité conjugué à une génération qui accepte de moins en moins les contraintes doit conduire à s’interroger sur le devenir d’une profession où le risque d’être blessé ou d’être tué est permanent. La formation en école doit permettre de déceler ceux qui ne remplissent pas les critères nécessaires à fabriquer un bon gendarme, que ce soit comme sous-officier ou comme officier. Mais le recrutement aléatoire n’explique pas à lui tout seul, l’ensemble des difficultés auxquelles est confrontée l’institution. Un phénomène résultant du PAGRE donne encore aujourd’hui des effets néfastes. En créant un simili corps d’officiers issus du rang, la gendarmerie a voulu revaloriser les indices de solde des sous-officiers qui occupaient un poste à responsabilité dans les unités élémentaires. Ce recrutement a été suivi d’une augmentation exponentielle des officiers dans les états-majors, sans pour autant dégager de la paperasse administrative les brigades. Depuis quelques années, la gendarmerie revient sur ce recrutement. J’y vois deux raisons. Dans l’esprit des officiers directs ou semi-directs, la dévalorisation de leur fonction les conduit à exercer dans des postes subalternes, en brigade notamment. Ce sentiment d’avoir fait des études pour finalement se retrouver les mains dans le cambouis est inversement proportionnel à celui des officiers issus du rang, qui voient leur carrière bloquée au grade de capitaine au long cours. On a le même sentiment chez les sous-officiers qui estiment que le gradé a également été dévalorisé. Ce repyramidage des grades aurait dû s’accompagner d’une refonte des responsabilités réellement exercées et intégrer dès l’école de formation que de gendarme à adjudant on est un exécutant.
Cette information doit s’accompagner dorénavant d’une véritable prise de conscience des contraintes liées au métier et des valeurs qui doivent déterminer le profil des candidats. Le statut militaire doit être un marchepied pour comprendre ce que va impliquer l’engagement au service de la nation, sans pour autant en être le seul levier.
Pour garantir que la sélectivité reflète effectivement les compétences acquises et nécessaires pour les responsabilités de commandement, il est primordial de rétablir des critères stricts tout au long du parcours de formation. On peut regretter la disparition des travaux ou des programme de formation continue qui offraient aux candidats méritants la possibilité d’accéder à un poste à responsabilité. Mais l’adjudant de 1980 n’a plus rien à voir avec son camarade de 2024. Une dévaluation du grade au profit d’une réévaluation des rémunérations. Il faut juste l’intégrer dans les esprits à tous les niveaux.
On peut juste se satisfaire que ce nivellement des grades et le schéma organisationnel des formations administratives permettent désormais de parler d’égal à égal avec les élites des autres administrations.
Pour les officiers, les enjeux de carrière sont diamétralement opposés à ceux des sous-officiers et des officiers rang. Les premiers savent qu’ils auront un passage obligatoire au plus près du terrain mais que leur recrutement leur offrira ensuite un parcours en état-major en les éloignant du contact immédiat des événements. Les seconds seront connectés tout au long de leur carrière à la réalité des affres de la société, certains chanceux ou opportunistes profitant d’un système qui les favorisera quelques temps.
Il ne faudra pas obérer l’intervention professionnelle qui prend de plus en plus de place dans le cursus de formation d’un gendarme. La société est violente par nature et ce volet doit être accentué dans les écoles et préparer les futures recrues à savoir se défendre à défaut de se faire respecter. Il en va de leur intégrité physique mais également de la survie d’une Institution confrontée, comme son homologue la police nationale, à des débordements de sauvagerie intolérables.
La gendarmerie de 2024 c’est aussi un volet technologique de premier plan. Elle a su mettre en œuvre un système d’information et de communication qui donne entière satisfaction.
On ne peut pas éviter de citer enfin le rôle de la réserve de la gendarmerie et la place qu’elle occupe désormais dans le schéma sécuritaire global. Tout en continuant à œuvrer dans les territoires pour soulager les unités de terrain, elle ne doit pas venir en remplacement de postes d’état-major, mais constituer une véritable force supplétive de terrain à l’instar de la garde nationale américaine.
Voici donc, selon moi, les défis qui attendent le nouveau directeur de la gendarmerie. Elle est le fruit, d’une part, de la réflexion de gendarmes de tous grades qui aiment leur administration et d’autre part, de mon expérience acquise essentiellement en brigade. La militarité comme seule solution est une supercherie. L’éducation parentale, l’enseignement des valeurs de moralité, de civisme et d’honnêteté, le respect de la vie humaine sont tout aussi indispensables pour dessiner les contours du gendarme de demain. Tout ceci conjugué avec ce qu’il reste de culture militaire dans la Gendarmerie doit permettre d’envisager l’avenir de l’Arme avec optimisme.
Je finirai sur une pirouette. Mon parcours dans la Gendarmerie m’a offert des opportunités émaillées de moments douloureux, tragiques mais aussi heureux. Ce que j’exprime avec conviction n’est que le produit de mon expérience, cela n’a pas de valeur au regard de ce que vivent au quotidien mes jeunes camarades. Je n’en fais pas une vérité absolue, simplement je donne un avis sur une Arme qui est capable de donner beaucoup, mais qui peut tout reprendre aussi vite. Les faits récents concernant la nomination du Directeur Général en est l’illustration flagrante.
« S’il y a plus d’une façon de faire quelque chose, et que l’une d’elles conduit à un désastre, alors il y aura quelqu’un pour le faire de cette façon »