Décès du général Pierre Lapeyronie, grande figure de l’Arme

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Les obsèques du général Lapeyronie (Photo Jean-Marie Maindron le Petit Bleu)

Le général de division (CR) Pierre Lapeyronie, grande figure de la Gendarmerie est décédé à l’âge de 80 ans. Il a été conduit à sa dernière demeure le jeudi 29 avril en l’église Sainte-Geneviève d’Astaffort en présence d’un ancien directeur général de la Gendarmerie, Bernard Prévost. (*) Il a terminé sa carrière comme commandant de la région à Metz après avoir commandé la circonscription de Dijon et le groupement blindé de gendarmerie mobile de Satory. (GBGM)

Issu des paras colo

Saint-Cyrien, promotion Vercors (60-62), Pierre Lapeyronie a d’abord servi dans les marsouins parachutistes au 6ème régiment parachutiste d’infanterie de Marine (RPIMa) à Mont-de-Marsan.

Il a intégré la Gendarmerie comme capitaine, et a servi en Corse, à Troyes et à Nantes avant de commander le GBGM.

Diplomé de l’école de guerre, il était auditeur de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN).

En deuxième section, relate Le Petit bleu, il s’était installé à Astaffort (47) en 1999 où il avait racheté la maison de son grand-père, Pierre Lapeyronie qui avait été maire de la commune de 1935 à 1944. En 2004, il a été victime d’un accident vasculaire cérébral massif entraînant de graves conséquences nécessitant l’assistante permanente de son épouse.

A son épouse, à ses enfants et petits-enfant, La Voix du Gendarme adresse ses condoléances attristées.

(*) en présence du général de corps d’armée (CR) Serge Egglof, président de la société des membres de la Légion d’honneur du Lot-et-Garonne, du colonel Laurent Villiéras, commandant du groupement du Lot-et-Garonne; Dominique Lonort, délégué départemental de la Saint-Cyrienne.

Le colonel (ER) Philippe Cholous rend hommage au général Lapeyronie

Le colonel (ER) Philippe Cholous, ancien commandant en second du GBGM rend hommage au général Lapeyronie.

De façon surprenante, peu de témoignages ont été publiés à l’annonce de la mort du général de division Pierre Lapeyronie, raison pour laquelle on m’a contacté pour savoir si je le connaissais et si je pouvais pallier ce manque. Objectivement non, car je connais mal cet officier et ne suis donc aucunement fondé à apporter une contribution significative à sa mémoire. En revanche, et pour l’avoir croisé, j’en garde un excellent souvenir et l’anecdote qui suit constituera à mon sens un humble mais authentique hommage, augurant je l’espère d’autres plus précis et étoffés.

Le colonel Lapeyronie alors commandant du GBGM (Photo DR)

A l’occasion de notre stage du diplôme d’état-major, Jean Gouvart, Joël Gleyzon et moi-même avions choisi de passer notre session pratique dans les légions de gendarmerie mobile et départementale à Metz. L’accueil qui nous fut réservé, fut particulièrement francs et chaleureux à la 7ème légion de gendarmerie mobile, particulièrement froid, distant et désagréable à la légion de gendarmerie départementale. Dont acte. En revanche, la visite de la région de Gendarmerie n’était pas au programme. Le général Lapeyronie, commandant de région tint pourtant à nous recevoir personnellement à dîner. Nous ne connaissions rien du personnage, sinon qu’il en était un. En premier lieu, loin de l’inflation actuelle des grades, les officiers généraux étaient alors rarissimes en Gendarmerie. O tempora o mores. Rencontrer un officier général était donc encore pour de jeunes chefs d’escadron, un événement en soi. Par surcroît, le général Lapeyronie, était précédé d’une solide réputation, puisque connu pour être issu des parachutistes d’infanterie de Marine, pour avoir commandé le Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile, et pour être un commandant de région actif et aux idées arrêtées.

A la faveur de cette réception, il nous livra alors sa vision de l’Arme et des évolutions en cours. Un excellent vin de Bordeaux aidant, nous nous inscrivîmes en faux sur plusieurs points. Il ne semblait pas avoir l’habitude de jeunes contradicteurs impertinents et ne craignant pas d’avancer des idées personnelles. La discussion fut donc longue et vive, parfois très. Las, nous ne pûmes la terminer, l’heure étant trop avancée.

Désireux de poursuivre ces échanges et visiblement heureux de confronter ses idées avec de jeunes camarades, le général Lapeyronie nous réinvita donc en fin de semaine à un second dîner qui nous permit de poursuivre nos réflexions et nos débats. Le vin de Bordeaux était également convié. A aucun moment il ne se formalisa. Il prit acte d’un certain nombre de points, et nous également. Le souvenir que m’a laissé le général Lapeyronie est celui d’un officier svelte, militaire dans l’âme, opérationnel, entier, franc, de conviction et ayant un indéniable panache. De fait il ne nous laissa pas indifférent et je me souviens surtout de la réelle considération qu’il nous manifesta. En dépit de la différence hiérarchique, il nous reçut en chef, en camarade et en soldat.