Décès du colonel (H) Pierre Rossignol, pionnier des hélicos bleus et des plongeurs (diaporama et vidéo)

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Le colonel Pierre Rossignol, très grande figure de la Gendarmerie, vient de nous quitter à l’âge de 97 ans. Pionnier des hélicoptères Gendarmerie et de la plongée, fondateur du centre nautique de la Gendarmerie d’Antibes, pilote de guerre, secouriste en montagne et en mer, premier officier de gendarmerie départementale en Gendarmerie maritime, chef d’expédition en forêt amazonienne, il a achevé sa carrière à l’inspection des armements nucléaires après avoir commandé la Gendarmerie de Guyane. Il était notamment officier de la Légion d’honneur, et titulaire entre autres médailles de la croix de la valeur militaire avec étoiles d’argent et de bronze, de la médaille de l’aéronautique, de la médaille d’honneur du service de santé des armées et de plusieurs médailles pour actes de courage et dévouement ainsi que de la croix du combattant. Ses obsèques seront célébrées le 28 mars dans la commune de le Bar-sur-Loup (Alpes-Maritimes) dont il a été maire de 1989 à 2001.

Lors des 60 ans du CNING, Pierre Rossignol avait déposé une gerbe avec le maire d’Antibes Jean Léonetti et Michel Blaczyc, président de l’amicale des plongeurs (Photo DC/LVDG)

Sur le même thème : Une histoire de Gendarme : Pierre-Roland Rossignol : pionnier des hélicoptères et de la plongée La Voix du Gendarme N°27 Février 2022

La Voix du Gendarme a consacré en février 2022 un dossier complet au colonel Rossignol et à sa formidable carrière

C’est un personnage hors-normes de la Gendarmerie qui vient de s’éteindre ce jeudi 16 mars dans une clinique de Mougins (Alpes-Maritimes). Ce fils de Gendarme, oncle de Gendarme, a eu en effet un parcours totalement insolite au sein de l’armée de Terre puis de la Gendarmerie qui lui doit beaucoup. La vie de ce soldat décoré et cité pour avoir effectué des dizaines d’évacuations sanitaires sous le feu en Algérie, est un véritable roman.

Né en mars 1926, fils d’un Gendarme poitevin, ancien du prytanée militaire de la Flèche, Pierre-Roland Rossignol a entamé son parcours comme officier de réserve dans les transmissions en 1950 en Afrique du Nord. Il a rejoint la Gendarmerie via le concours officier de réserve et a commencé en 1953 son parcours dans l’Arme comme commandant de peloton à l’escadron 7/2 de Garde républicaine Noyon puis, breveté pilote d’hélicoptère, a gagné en 1954 le 3ème peloton du premier escadron de chars du 1er groupe blindé de Garde républicaine à Satory pour prendre la tête du 1er élément aérien de la Gendarmerie équipé d’un Bell 47, immatriculé comme un char, et armé par quatre sous-officiers. Après avoir conduit la première mission aérienne de secours à Montereau en Seine-et-Marne lors de terribles inondations puis la première opération aérienne de maintien de l’ordre à Nantes, le lieutenant Rossignol, qui avait été volontaire pour l’Indochine, est détaché en Algérie au groupe d’hélicoptères N°2 et prend le commandement du détachement de la 27ème division alpine en Grande Kabylie. Il y effectue 400 missions dont 149 évacuations sanitaires et son appareil est endommagé en vol par des tirs des rebelles. Il est cité deux fois, notamment par le général Salan.

Citation signée du général d’armée Salan (archives LVDG)

En 1958, il prend le commandement de la section d’hélicoptères de la 3ème région de Gendarmerie de Rennes et se spécialise dans le secours en mer. En 1960, il est nommé à Marseille commandant de la section d’hélicoptères de la 9ème région militaire et se spécialise dans le secours en montagne. Il passe même ses qualifications montagne et réalise chaque année une liste de courses et porte la “tarte » des secouristes en montagne.

Pierre Rossignol, pilote d’hélicoptère portait la tenue des secouristes en montagne et était décoré de la médaille du secours en montagne (Photo Archives LVDG)

Ce pilote émérite, réalise alors avec son adjoint une prouesse pour l’époque : poser un hélicoptère sur le dôme des Écrins à 4 030 mètres d’altitude!

Directeur des premiers stages des premiers stages de formation et de perfectionnement des équipages de surveillance côtière, formé à la plongée, il créé en 1962 le centre national d’instruction nautique de la Gendarmerie (CNING) à Antibes en 1962 après avoir encadré les premiers stages de plongée sur l’île de Bandor (Var).

En 1965, il commande la compagnie de la Rochelle et est directeur de l’instruction nautique pour l’Atlantique sud. Puis en 1970, devenant le 1er officier de Gendarmerie non issu de la Marine nationale, il prend la tête du groupement de Gendarmerie maritime de Brest, après l’intégration de la GendMar au sein de la Gendarmerie. En 1975, alors lieutenant-colonel, il commande la Gendarmerie de Guyane. En 1976, à la tête d’une expédition épique, il rouvre le chemin des Emerillons qui relie les deux fleuves frontières, l’Oyapock et le Maroni. Le but de cette mission est de surveiller le territoire, d’effectuer une liaison entre les brigades de Camopi et Maripasoula et d’entraîner le groupe d’intervention des pelotons mobiles aux recherches en forêt. Malgré l’opposition du commandant de Légion Antilles Guyane qui lui refuse de participer aux frais de mission pour les piroguiers et les guides, Rossignol qui concède “en avoir souvent fait qu’à sa tête”, sollicite le bureau de recherches géologiques et minières qui accepte de l’aider. Mais son commandant de Légion, lui impose une inspection annoncée. Il boucle l’expédition en 8 jours et parvient à rentrer à temps en hélicoptère pour l’inspection..

Enfin entre 1978 et 1984, il est colonel, chargé de mission, à l’inspection des armements nucléaires.

Fondateur et 1er commandant du centre d’instruction nautique

Pierre-Roland Rossignol, alors en poste Rennes, retient les enseignements de ses opérations de secours en mer dont le drame du Mont-Saint Michel. Il déplore auprès de la direction l’absence de personnels qualifiés pour intervenir dans le cadre de missions de secours en mer et de recherches de corps. En 1961, à la tête de la section d’hélicoptères de la 9e région à Berre-l’étang, près de Marseille, il est chargé d’organiser le premier stage des équipes de surveillance côtière sur l’Île de Bendor (Var) en avril 1961. Pendant trois semaines, une trentaine de Gendarmes suivent une formation au centre international de plongée (CIP) sur l’île de Bendor. Les conditions sont épiques ! “Il n’y avait pas de crédits instruction ni d’ encadrement de soutien, nous n’avions que les frais de déplacement au taux non logé j’ai négocié avec le CIP et nous nous sommes débrouillés pour les cours” nous avait confié Rossignol lors du dossier que La Voix du Gendarme lui a consacré.

Pendant quatre ans, quatre militaires, un capitaine et trois Gendarmes forment les stagiaires jusqu’au niveau monitorat national de plongée en scaphandre autonome. Les embarcations sont les vedettes des brigades nautiques de la Légion de Gendarmerie. “Le matin, les stagiaires faisaient de la plongée, et l’après-midi, ils suivaient des cours de secourisme, ils étaient tous interchangeables et polyvalents” se souvient Rossignol, lui même moniteur national de plongée et maître-nageur sauveteur.

Ainsi, de “grands anciens” de la plongée Gendarmerie y furent formés dont les moniteurs nationaux Dechelle, Vellard, Vageon, Pastorelli, Jacquot, Vernay et d’autres). Le travail de ces pionniers porte ses fruits puisqu’en 1965, la Gendarmerie, soucieuse de disposer de ses propres infrastructures décide de créer un centre d’instruction nautique dans des locaux militaires.

C’est la naissance du centre d’instruction nautique de la Gendarmerie (CING) qui s’installe en 1965 à Antibes. Le capitaine Rossignol, en est le premier directeur de la formation. Le centre, rattaché au commandement régional de Marseille est implanté dans la caserne Gazan qui accueille le 9e escadron de Gendarmerie mobile.

En 1966, Rossignol part à la Rochelle et c’est un ancien nageur de combat parachutiste d’Aspretto, le lieutenant Claude Plazanet, (général 2S) qui lui succède.

Maire du Bar-sur-Loup

Pierre-Roland Rossignol a été très impliqué dans la vie locale et associative après sa retraite. Il a en effet été maire pendant deux mandats (1989-2001) du Bar-sur-Loup, ville marraine de la Frégate Amiral de Grasse.

Engagé dans le social et l’associatif

Père de 3 enfants, grand-père et arrière-grand-père quatre fois, Pierre-Roland Rossignol a été très actif depuis sa retraite et très impliqué dans le monde associatif. Outre ses activités d’élu local qui l’ont vu présider le club des aînés ruraux de sa commune, il fait partie de nombre d’associations Gendarmerie dont l’UNPRG, la société nationale des anciens et amis de la Gendarmerie, le Trèfle, l’amicale des actifs et anciens des forces aériennes de la Gendarmerie (membre fondateur). Il fait aussi partie de la société des membres de la Légion d’honneur dont il a été président du comité de Grasse, de l’association nationale des membres de l’ONM, de l’amicale des anciens de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) et s’est impliqué aussi dans l’envoi de colis aux militaires en OPEX, et dans l’aide aux familles de légionnaires décédés.

Didier CHALUMEAU
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2 Commentaires

  1. Bonjour,
    Dans votre article sur le Colonel (H) Pierre Rossignol et plus particulièrement dans le chapitre « Engagé dans le social et l’associatif » vous avez oublié qu’il était membre de notre association l’AMMAC (Ancien Marins et Marins Anciens Combattants) de Grasse 06. Il était toujours présent à nos réunions et plus particulièrement lors de nos repas à l’Escadron 23/6 de gendarmerie mobile (EGM) de Grasse 06. Voir aussi Facebook sur Pierre Rossignol.
    Merci
    Un marin le l’AMMAC de Gasse (ex-trésorier de l’AMMAC de Grasse)

  2. Bonjour,
    Le Colonel (H) Pierre Rossignol à l’AG en 2018 de l’AMMAC de Grasse 06, dont il était membre, dans les locaux de l’Escadron 23/6 de gendarmerie mobile de Grasse 06. Lancement de notre livre sur l’histoire de l’AMMAC de Grasse.
    Joint une photo
    Cordialement

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