Le général de division (2s) Bertrand Cavallier, figure charismatique de la Gendarmerie, chef historique du Centre national d’entrainement des forces de Gendarmerie de Saint-Astier (CNEFG) a présidé la cérémonie de sortie de la 54ème promotion d’élèves gendarmes de l’école de Gendarmerie de Tulle (Corrèze) à l’invitation du général Jean Gouvart, commandant de l’école. La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires et en particulier les généraux de corps d’armée (2s) Vincent Guionie, ancien commandant des forces terrestres à Lille et de division (2S) Hubert Goupil, ancien adjoint opérations du gouverneur militaire de Paris et père de l’élève gendarme Goupil auquel il a remis ses galons. (*)
Dans son ordre du jour, le général Bertrand Cavallier, lui même fils d’un sergent-chef de la coloniale ayant combattu en Indochine et devenu officier de gendarmerie, et père de deux sous-officiers servant dans la Gendarmerie, a d’abord évoqué le garde Bayol, parrain de la promotion, qui a “rejoint la grande cohorte de tous ces gendarmes et gardes, tombés en Indochine, aux côtés de leurs frères d’arme des autres armées, loin de la terre de France, dans un élan épique, et pour une parcelle de gloire.” “Il est de tous ceux qui par leurs exploits et leur sacrifice, ont écrit les plus belles pages de l’histoire de la Gendarmerie, et ainsi permis d’ajouter dans les plis de ses drapeaux, l’inscription « Indochine »”.
Puis il s’est adressé aux élèves gendarmes :
“Demain, quittant cette école et vos instructeurs, vous allez rejoindre vos unités en gendarmerie départementale, en gendarmerie mobile ou au sein de la Garde républicaine. Alors, je vous demande, chaque jour de votre carrière de vous remémorer l’exemple de votre parrain.
En ces temps marqués par la perte de références, restez déterminés et fiers de votre état militaire ainsi que des valeurs auxquelles vous avez décidé d’adhérer librement.
En ces temps malmenés par le doute, l’individualisme, et l’égoïsme, engagez-vous, vivez pleinement la mission, soyez dévoués, disponibles, de ceux qui ne comptent pas les heures.
En ces temps où s’affichent la vulgarité, le « débraillé » et la nonchalance, soyez toujours dignes, courtois et rigoureux dans le port de votre tenue mais aussi professionnels en tout domaine, toujours et partout.”
En ces temps où nos concitoyens sont souvent affectés par la violence, déboussolés par un État dont ils pensent qu’il les abandonne, soyez de ceux qui rassurent, qui soutiennent, qui protègent.
En ces temps où l’autorité est souvent bafouée, et où notre pays est confronté à la violence globale, à des risques de sédition, soyez vigilants et continuez à vous entraîner durement pour que force reste à la loi, pour que cette terre reste France.
Ayez confiance en vous, soyez enthousiastes même si cela dérange.
Général Bertrand Cavallier aux élèves gendarmes de Tulle
Le garde Fernand Bayol a bravé la mort pour sauver son adjoint
Le parrain choisi par les élèves est le garde Fernand Bayol, auquel une journée d’hommage a été consacrée, le 29 février 2023, sur la commune de Penne (81), en liaison avec le GGD 81, la compagnie de Gaillac et la COB de Cordes-Sur-Ciel.
Fernand Georges Lucien Bayol est né le 28 juillet 1929 à Penne dans le Tarn. Il est le fils de Marcel et Alice Bayol, et devient cultivateur dès son plus jeune âge comme ses parents.
Il est appelé sous les drapeaux à l’âge de 20 ans le 18 octobre 1949 au bataillon de l’air 1/702, et sert en tant que 1ère classe à la compagnie d’instruction. Lorsque son service se termine en 1951, il retourne à la vie civile. Mais pas pour longtemps.
En effet, le 6 août 1951, il décide de devenir élève-garde à la 9ème Légion de la garde républicaine d’Aubagne dans les Bouches-du-Rhône. Après 8 mois de formation, il est titularisé “garde” et est affecté au 8ème escadron de la 2ème Légion de la Garde républicaine. En 1952, il est muté en Indochine à la 2ème Légion de Marche de la Garde Républicaine et débarque à Saîgon, le 24 novembre 1952, pour rejoindre le 4ème Escadron. Il est nommé commandant du poste isolé de Duong-Dong dans la zone de Haipong avec comme adjoint le caporal-chef Auguste Raymond Julien. Après diverses missions, il est affecté à la 3ème Légion de Marche, le 19 août 1953 et cumule les faits d’armes et actions d’éclat.
– Le 7 décembre 1953, il abat un rebelle et fait couler un campement ennemi dans les calcaires de Nui-Ong-Bam (Nord-vietnam).
– Le 17 janvier 1954, il abat deux adversaires dans la même zone.<br />(Ces deux actions de combat lui vaudront une citation à l’ordre de la brigade et l’attribution de la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs avec étoile de bronze).</li>
– Le 21 mai 1954, au cours d’une fouille des calcaires, il tue un ennemi, récupère trois mines et une grenade locale.
Au total, de mars à avril 1954, il abat 16 rebelles et détruit de nombreuses cachettes. (Ces dernières actions lui vaudront une citation à l’ordre de la division et l’attribution de la Croix de Guerre TOE avec étoile d’argent). Le 16 juin 1954, son adjoint, le caporal-chef Julien est pris à partie avec son groupe lors d’une patrouille dans les calcaires par des rebelles lourdement armés et est très grièvement blessé. Le garde Bayol, alors resté au poste, se rend immédiatement sur les lieux du contact avec un groupe d’intervention pour venir en aide à ses camarades. Le groupe est accroché par les rebelles cachés dans les calcaires. Le garde Bayol décide alors de partir seul, laissant ses camarades en protection pour aller récupérer le caporal-chef Julien. Il est alors atteint mortellement de plusieurs balles au bras gauche, au thorax et au niveau des dorsaux, tandis que son camarade, grièvement blessé au niveau de l’abdomen, est, grâce à lui, extrait de la zone de combat et pris en charge par les infirmiers. Le caporal-chef Julien aura la chance de survivre à cet épisode tragique et servira encore la France après sa convalescence, jusqu’en 1963 avec des campagnes en Afrique du Nord. Il est réformé en 1963, à la suite à de complications de ses blessures subies en Indochine. Il décède le 31 juillet 1976 à 47 ans à Marseille sa ville natale.
Le corps de Fernand est transporté à la morgue de Haiphong puis inhumé le 17 juin 1954 au cimetière “Amiral Courbet”. Sa dépouille est transférée en métropole à Saint-Mihiel en Lorraine.
Le Garde Bayol est décoré à titre posthume de la médaille militaire et de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures avec palme de bronze, étoiles d’argent et de bronze pour ses faits d’armes. Il est décoré de la médaille coloniale avec agrafe “extrême-orient” et de la médaille commémorative de la campagne d’Indochine. Son nom est inscrit sur une stèle à Arras ainsi que sur le monument aux morts de Penne, sa ville natale.
Une promotion très féminine et d’un niveau scolaire très élevé
La promotion, incorporée le 31 juillet 2023, rassemble 123 élèves dont 51 jeunes femmes, ce qui constitue un taux de féminisation de 41,5 %, contre 25 à 30 % d’ordinaire. L’élève le plus âgé a 36 ans et 7 mois, le plus jeune 20 ans et 3 mois. Concernant le niveau scolaire, 53 sont bacheliers, 21 bac + 2, 32 bac +3, 5 bac+ 4 et 13 bac + 5.
L’association Team Gend-Cœur retenue par les élèves pour leur défi social
Pour leur défi social, au travers de divers événements (défi sportif, tombola, vente de rondaches, vente de crêpes…), les élèves de la promotion ont récolté la magnifique somme de 18062,92 euros au profit de l’association “Team Gend-Coeur” composée de trois gendarmes. Elle a été créée en 2016 en vue de financer l’opération du cœur de la fille d’un couple de gendarmes atteinte d’une malformation cardiaque.
Aujourd’hui, Team Gend-Coeur œuvre encore pour aider les familles d’enfants hospitalisés dans un service spécialisé à Bron (69).
Ses actions 2021 ont permis de sauver un enfant atteint d’une lourde pathologie cardiaque. Il a été pris en charge par le professeur Henaine, parrain de l’association.
Les actions 2022 ont permis de distribuer du matériel et d’offrir des activités à l’unité de cardio-pédiatrie de l’hôpital Louis Pradel à Bron. L’association a également remis 6 000 euros en vue de l’agrandissement d’une structure d’accueil des parents d’enfants hospitalisés.
Deux anciens du CNEFG félicités par le général Cavallier
Le général Cavallier au eu le plaisir de retrouver deux instructeurs du CNEFG de Saint-Astier auquel il a remis une lettre de félicitations du commandant de l’école de Tulle :
« Dans un contexte de plan de charges saturé, les majors Jean-Philippe Meheust et John Palomino ont mis en place le premier stage d’aide-moniteur d’intervention professionnelle au profit de membres de la Guardia Civil espagnole et de la Garde Nationale Portugaise qui s’est déroulé à l’école de gendarmerie de Tulle du 3 au 12 juillet 2023. Particulièrement investis, concomitamment aux diverses formations délivrées dans le même temps aux cadres et élèves de l’école, ils ont pris sur leur temps personnel pour préparer, planifier et mettre en œuvre ce stage international inédit et ont ainsi participé activement au rayonnement international de l’école. Ont fait preuve en la circonstance, de très belles qualités professionnelles qui font honneur à la gendarmerie nationale ».
(*) Ancien chef de corps du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (8ème RPIMa) à Castres, le général de corps d’armée Vincent Guionie a commandé la 9e brigade d’infanterie de marine à Poitiers, les éléments français au Gabon, a été général adjoint opérations de l’opération « Serval » au Mali, adjoint au major général de l’armée de Terre et sous-chef « performance-synthèse » et a terminé son parcours comme commandant des forces terrestres à Lille.
Titulaire de deux citations, est commandeur de la Légion d’honneur et commandeur de l’ordre national du Mérite.
Le général de division (2S) Hubert Goupil, a exercé d’éminentes responsabilités dans l’armée de Terre, en particulier adjoint opérations du gouverneur militaire de Paris et responsable de l’opération sentinelle en Ile-de-France, adjoint engagement de l’officier général de zone de défense de Paris, inspecteur à l’inspection de l’armée de Terre et chef de la division emploi du commandement des forces terrestres. Officier de cavalerie, il a commandé une compagnie de parachutistes, le 501 ème régiment de chars de combat (501 ème RCC) de Rambouillet a été directeur de la formation des élèves officiers à Saint-Cyr. Il a participé à de nombreuses opérations extérieures et a été notamment commandant adjoint de la brigade Serval.
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