Le commandement de la Gendarmerie nationale en Martinique, a baptisé la caserne de Redoute du nom du chef d’escadron Joseph France, abolitionniste et suppléant du député de la Martinique Victor Schoelcher dans l’assemblée constituante de la Seconde République. Une place Victor Petit-Frère Mazuline, 1er député noir de Martinique, ancien esclave dont le maître était un officier de Gendarmerie abolitionniste, le chef d’escadron Mottet a également été inaugurée au sein de la caserne.
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Par cette action, la Gendarmerie de Martinique, commandée par le général William Vaquette, passionné par l’histoire de la Martinique, sort de l’oubli deux personnes élues lors de la même élection législative du 9 août 1848 dans l’assemblée constituante de la seconde République après le coup d’état de février 1848. La cérémonie a été financée par la fondation pour la mémoire de l’esclavage.
Le chef d’escadron Joseph France, commandant de la Gendarmerie de Martinique
Originaire d’Albestroff en Moselle, le chef d’escadron Joseph France, père de l’écrivain Hector France, a été enrôlé volontaire en 1813 et a rejoint le neuvième régiment de chasseurs à cheval en Saxe durant la campagne d’Allemagne. Brigadier pendant la campagne de France, il a été blessé d’un coup de feu à la jambe droite en 1814 à la bataille de Montereau. Il a été ensuite versé à la garde Royale lors de la première Restauration avec le grade de maréchal des logis avant d’être nommé garde agrégé à la compagnie du Luxembourg des gardes du corps du Roi. Il a été promu lieutenant porte-étendard aux chasseurs à cheval de l’Isère puis est revenu au sein des gardes du corps du Roi de la compagnie du Havre.
C’est en 1822 qu’il a intégré la Gendarmerie comme lieutenant à la compagnie du Jura. Il a occupé de nombreux postes en France et, promu chef d’escadron en 1843, il a pris le commandement de la Gendarmerie en Martinique.
Abolitionniste, il a porté la voix des esclaves et a fait valoir ses droits à la retraite le 14 mars 1846 afin de bénéficier d’une totale liberté de parole. Ainsi, il publie en 1846 “La Vérité et les faits ou l’esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres et les agents de l’autorité” et milite au sein de la société française pour l’abolition de l’esclavage jusqu’à son élection le 9 août 1848 dans l’assemblée constituante de la Seconde République comme député suppléant de Victor Schoelcher pour la Martinique.
Joseph France est officier de la Légion d’honneur et chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur. Il est décèdé le 4 mai 1869 à Paris dans sa quatre-vingt-deuxième année et inhumé dans le cimetière de sa commune natale à Albestroff.
Victor Petit-Frère Mazuline, esclave d’un officier de Gendarmerie et député de la Martinique
Victor Petit-Frère Mazuline est né à Fort-royal (Martinique) le 21 juillet 1789, d’une mère esclave. Il a quitté son île natale en 1802, avec son maître, le chef d’escadron de gendarmerie Mottet, et l’a suivi aux États-Unis, puis en France où cet officier est mort dans la misère au Val-de Grâce.
Devenu rentier, l’ancien esclave a été élu, le 9 août 1848, représentant de la Martinique à l’Assemblée constituante comme suppléant de Cyrille Bissette. L’élection de ce dernier ayant été annulée, Mazuline a siégé à sa place. Il a notamment voté contre la sanction de la Constitution par le peuple, pour l’ensemble de la Constitution. Il ne s’est pas représenté aux élections suivantes et est mort à son domicile parisien le 28 janvier 1854.