Le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie s’est exprimé sur son blog interne au sujet de la “lettre ouverte à nos gouvernants ». Cette tribune (*) ayant recueilli ce lundi 2 mai à 21h00 24 127 signataires qui a entraîné beaucoup de réactions dont celles courroucées de la ministre des armées et du chef d’état major des armées, suscité la polémique, une annonce de sanctions pour les 18 militaires d’active et une lettre d’un ton et d’une violence inédite d’un des généraux signataires au chef d’état-major des armées.
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Sur son blog, le chef des Gendarmes justifie son écrit par le fait que “l’un des acteurs de cette démarche se revendique comme un ancien officier de Gendarmerie”. (NDLR L’ex capitaine Jean-Pierre Fabre-Bernadac).
(*) publiée sur le blog Place d’Armes. Un peu plus de 100 Gendarmes figurent parmi les 1500 signataires dont les noms ont été publiés, esssentiellement des sous-officiers. Aucun général n’a paraphé cette lettre signée par 5 colonels, 9 lieutenants-colonels, 2 chefs d’escadron, 3 capitaines et un sous-lieutenant.
Texte intégral du général d’armée Christian Rodriguez DGGN
Alors que nous vivons toujours sous la contrainte de la pandémie, alors que l’odieuse attaque de Rambouillet souligne une nouvelle fois l’acuité de la menace terroriste, alors que nous sommes tous – et tous les jours – pleinement engagés au service de Français pour assurer leur protection, les écouter et les rassurer au quotidien, une navrante affaire de “tribune » dans la presse est venue cette semaine saturer l’espace médiatique.
Je ne souhaitais pas nécessairement vous partager mon sentiment sur cette polémique et ses développements. Mais il se trouve que l’un des acteurs de cette démarche se revendique comme un ancien officier de Gendarmerie. Il se trouve aussi que cela a eu un effet de désinhibition, donnant lieu à toutes les outrances, en même temps que toutes les invectives, voire les injures les plus honteusement grossières.
Dans ce contexte, mon rôle de chef est – plus que jamais – de vous accompagner et de vous éclairer. Et de vous aider à comprendre et faire comprendre ce que l’emballement autour de cette affaire a de regrettable et de délétère.
En tant que militaires, nous ne sommes pas des spectateurs ni des commentateurs, mais bien des acteurs et des serviteurs de l’État. Certains déplorent et se lamentent ? Nous agissons et protégeons. Pour procurer de la confiance et de la sécurité, au contact des difficultés du quotidien, en nous efforçant de contribuer à la cohésion de la Nation et de faire vivre le lien social. Nous sommes tout entier de cette Nation, et si nous devions prendre un parti, ce serait celui du plus faible, du plus humble, le parti de celui qui a le plus besoin qu’on le protège. C’est là ce que nous savons faire, c’est là ce que nous devons faire.
En tant que militaires, nous avons fait un choix libre et consenti, celui d’une vocation, d’une vie et, donc, d’un statut qui comporte sa part de sujétions et de contraintes. Nous avons adhéré en toute connaissance à un état qui “exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité”. Cette vie, c’est aussi celle de l’adhésion à un collectif dont la cohésion est un des biens les plus précieux. Cette cohésion nous conduit le plus souvent à faire primer l’intérêt du groupe – celui de notre unité comme celui de la Gendarmerie dans son entier – sur notre intérêt personnel.
En tant que militaires, et plus encore en tant que gendarmes soldats de la Loi, nous sommes porteurs d’une autorité. Nous avons un rôle dans cette société, qui implique aussi une grande exemplarité. L’autorité que nous confèrent la Loi et notre uniforme, l’emploi légitime de la force qui nous est permis ne nous rendent ni supérieurs, ni meilleurs, ni plus clairvoyants que les autres. Nul d’entre nous n’a raison par nature parce qu’il est gendarme. Nul d’entre nous n’est un sur-citoyen autorisé à s’arroger le droit de penser “mieux” ou “plus droit” que les autres.
Certes le poncif nous qualifie très souvent de “grande muette”. Mais forts de toutes ces exigences, que nous avons acceptées, nous sommes aussi des citoyens. Posant des limites, notre statut nous assure en même temps pleinement que “les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres“.
Il y a cependant une condition non négociable : quand nous agissons en qualité de militaires, sous notre uniforme, sous notre grade, nous ne nous appartenons pas, mais nous appartenons à la Nation.
Il y a cependant une condition non négociable : quand nous agissons en qualité de militaires, sous notre uniforme, sous notre grade, nous ne nous appartenons pas, mais nous appartenons à la Nation. Cette règle de la réserve, de la discrétion et de la neutralité, chacun ou chacune est libre d’y renoncer : le militaire qui veut s’engager dans le débat public, voire se soumettre au suffrage, est libre de le faire. Il laisse alors de côté toute référence à son grade et à son uniforme, il le fait en dehors de tout lien avec le service et sans usage aucun des moyens ou installations du service. Bref, il passe à autre chose et change d’engagement(s). Les citoyens-électeurs sont des acteurs politiques, mais ni les forces armées – dont la Gendarmerie – ni l’uniforme militaire ne peuvent l’être.
En 35 ans de service sous l’uniforme et dans l’amour du Drapeau, je n’ai jamais douté du sens de notre mission. Chaque jour, chaque nuit, nos camarades sur le terrain protègent, secourent, apaisent, en tout lieu de cette République, et sans se poser de questions d’origine, d’ethnie, de religion. C’est à elles et à eux que cette tribune fait injustice, c’est à elles et eux que je dédie ces mots. Répondons présent aux attentes des Français, rassurons-les et résolvons leur problèmes. Éduquons et formons nos plus jeunes camarades dans cette exigence. Telle est la voie que nous avons choisie pour œuvrer à la sécurité, à la prospérité et à la grandeur de la France.
Bonjour mon général,
Je suis désolé, mais je diffère de votre point de vue.
En communication (cf. « L’interaction communicationnelle » de Habermas), on y apprend une règle de base: « Qui est l’émetteur du message? ».
L’expérience et l’origine de la personne qui parle a toute son importance dans un dialogue démocratique et en politique.
« Politique »:
1/ ETYMOLOGIE
Nom formé à partir de deux termes grecs :
» polis « , qui signifie » cité » (au sens politique du terme) ;
« -ikos », suffixe d’adjectif qui donne « -ique » en français .
Ce mot est donc à l’origine un adjectif et, d’après son étymologie, il signifie » qui concerne le citoyen « .
http://lettres.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/coin_eleve/etymon/hist/politi.htm
Pour ma part, autant je comprends que le militaire et le gendarme doivent obéir aux ordres donné par l’élu de la cité (de la nation à l’échelle de la France, donc du président de la République), autant connaître le point de vue d’hommes de terrain, qui parlent de leur expérience de terrain, des dossiers qui leur ont été rapportés et qu’ils ont étudié, et donc, sans pour autant divulguer du confidentiel défense, puissent donner leur avis éclairé, me semble être capital au bon fonctionnement non faussé du débat citoyen auquel doivent prendre part tous les secteurs et acteurs de notre société.
C’est la synthèse de tous ces points de vue de sources différentes qui permet d’apprécier avec acuité le réel, et ne pas sombrer dans des idéologies faussées et mortifères pour le pays et la nation.
Très cordialement et avec tout mon respect citoyen,
François DEMIANS
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