Six membres d’une bande armée soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre d’Arnaud Blanc, le Gendarme de l’antenne du GIGN abattu le 25 mars lors d’une opération anti orpaillage illégal, ont été interpellés entre le 8 avril et ces jours derniers au terme d’une traque inédite et impitoyable de la Gendarmerie et des forces armées guyanaises (FAG). Commandant de la Gendarmerie de Guyane, le général Jean-Christophe Sintive revient sur cette opération militaire et judiciaire exemplaire.
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Cette opération de recherches d’une ampleur inégalée a nécessité l’emploi de moyens très importants du côté de la Gendarmerie comme des armées, avec en particulier la très discrète et quasi-immédiate projection d’une équipe du GIGN de Satory, transportée par un avion militaire A400 M spécialement affrêté, avec à sa tête un officier connaissant parfaitement la Guyane pour y avoir servi plusieurs années. Un détachement de forces spéciales aguerries à l’intervention en jungle ainsi qu’un PUMA du Groupe interarmées d’hélicoptères (GIH) ont aussi été spécialement acheminés de métropole dans un délai très court. “La phase zéro de l’opération a été de recueillir et de relever l’équipe d’Arnaud Blanc avec d’autres Gendarmes de l’antenne GIGN et des CRAJ (commandos de recherches et d’action en jungle) du 9e régiment d’infanterie de Marine (RiMa) puis de matérialiser du mieux possible la scène de crime” détaille le général Sintive.
Des experts de l’IRCGN sur place dans les heures suivant le drame
Des spécialistes en balistique de l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie (IRCGN) ont ainsi été conduits sur place dans les heures suivant la mort du maréchal des logis-chef Arnaud Blanc (promu major à titre posthume).
“Nous avons ensuite complètement bouclé la forêt Guyanaise avec 80 points de contrôles sur chaque route, chaque piste à quad, sur tous les fleuves et points de passage”
détaille le chef des Gendarmes guyanais qui évalue le nombre de Gendarmes et soldats des forces armées guyanaises à 500.
“Nous avons maintenu ce dispositif pendant quinze jours d’affilée, avec des relèves et des approvisionnements par avion Casa, hélicoptères, pirogues, voitures” puis nous avons restreint le périmètre autour de Dorlin, avec huit points de contrôle précise l’officier général.
Une pression énorme sur les Garimpeiros
“Grâce à un travail de renseignements obtenus par la section de recherches et le centre de coordination des opérations Harpie (CCO), une bande armée brésilienne, celle de Romario du nom de son chef, a été ciblée dans ce périmètre et le GIGN et les forces spéciales ont conduit des missions d’infiltration en forêt afin de se rendre sur des sites d’orpaillage ou logistiques qui ont été détruits après une levée de doute” poursuit Jean-Christophe Sintive. Ainsi, des zones emblématiques d’orpaillage illégal ont été détruites avec l’aide des FAG notamment à Saint-Jean d’Abounamy, près de Papaichton là où trois militaires du 19e régiment du génie sont morts intoxiqués en 2019 dans une mine clandestine.
<“ La pression s’est accrue au fil des heures, et est devenue énorme, on a coupé les circuits d’approvisionnement en nourriture afin de pousser les garimpeiros à collaborer, c’est ainsi que le suspect a fini par manifester sa volonté de se rendre” rembobine le général qui tient à souligner l’engagement des Gendarmes dont certains ont passé près d’un mois en forêt, à l’instar des mobiles. D’autres militaires, tels les enquêteurs de la section de recherches, sont restés trois semaines sans repos. Ainsi, des dizaines d’individus ont été interpellés dont beaucoup ont été écroués et des centaines de carbets ont été détruits.
“Le coût humain est énorme, mais nous poursuivons autant que possible les opérations car il faut réaffirmer notre souveraineté nationale et maintenir la pression” martèle le général Sintive qui se félicite de l’appui constant des forces de police du Suriname et du Brésil.
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