Quelles sont les techniques d’interpellation des Gendarmes? les explications du général Bertrand Cavallier, ancien chef de Saint-Astier

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Séance de MSAA à l'école de Chaumont (Photo ESOG Chaumont)

Référent de l‘intervention professionnelle et du maintien de l’ordre en France, consultant, le général (2S) Bertrand Cavallier détaille pour La Voix du Gendarme la doctrine et les techniques d’intervention professionnelle (IP) et d’interpellation pratiquées dans la Gendarmerie.

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Le général Bertrand Cavallier (Photo DR)

Il y a une vingtaine d’années, la Gendarmerie a développé le concept pédagogique d’intervention professionnelle. L’objectif qui plus que jamais trouve aujourd’hui toute sa pertinence, est alors de permettre aux militaires de mieux assurer leur mission de sécurité dans un contexte de plus en plus complexe, en raison de la radicalisation croissante des comportements, d’une pression juridique et médiatique de plus en plus forte, mais également, rappelons le, d’une attente de plus en plus forte et légitime de protection de la population face à la délinquance.

Cet enseignement qui a été conçu en liaison étroite avec des magistrats fait l’objet d’une documentation ouverte, et fait l’objet de fréquentes présentations au profit de délégations de toute nature, au sein du Centre National d’Entraînement des forces de Gendarmerie de Saint-Astier. (CNEFG).

L’intervention professionnelle se décline autour de trois principes:

  • Légalité: respect premier du cadre légal et notamment de l’usage proportionné de la force qui doit cesser dès que l’individu est maîtrisé
  • Sécurité (celle du militaire agissant mais aussi l’impératif de préserver au maximum l’intégrité de la personne appréhendée)
  • Efficacité (faire cesser la menace en prenant l’ascendant sur un interlocuteur violent).

Sauf situation exceptionnelle, sauf urgence, c’est le facteur sécurité qui prime.

L’intervention professionnelle comprend différents modules dont la maîtrise sans arme de l’adversaire dite MSAA. En la matière, il y a lieu de considérer deux cas de figure :

  • 1. L’ individu qui obtempère immédiatement aux injonctions des Gendarmes qui vont alors opérer debout, en demandant à la personne de se retourner (exclusion du Gendarme de son champ de vision) et de mettre ses mains dans le dos. Dans le même temps, sa zone lombaire est sécurisée car propice à la dissimulation d’une arme ou objet assimilé, et dans la foulée une fouille palpation est pratiquée.
  • 2.  L’individu récalcitrant, voire violent, ce qui conduit à mettre en oeuvre des techniques de mise au sol couplées ou non avec des moyens de contrôle, afin de garantir une intervention efficace et sécurisée, avec l’impératif de neutraliser au plus tôt les vecteurs de mobilité (jambes) et d’agression (bras et jambes).
  • Trois techniques de mises en sol sont enseignées visant à neutraliser :
    • ceinture arrière avec mise au sol (abordage par l’arrière, action sur le haut du corps, ensserement de la personne au niveau du buste avec neutralisation des bras, fléchissement pour l’accompagner au sol);
    • ceinture basse (dans l’impossibilité d’agir sur le haut du corps, saisie au niveau des genoux, flexion sur le côté pour l’accompagner au sol sur son côté)
    • mise en déséquilibre arrière (action avec épaule au niveau des fesses de l’individu et accompagnement au sol).

– Les moyens de contrôle sont des techniques d’immobilisation à mains nues permettant de contraindre physiquement un individu et d’assurer son interpellation, son menottage, sa mise en sécurité et sa conduite. Ces techniques aboutissent très souvent à un contrôle du bras de l’individu entre les jambes du militaire, l’adversaire étant alors placé en position ventrale.

Elles excluent toute contrainte sur le rachis et évitent tout pression thoracique

Elles excluent toute contrainte sur le rachis et évitent tout pression thoracique. Ces techniques (avec ou sans mises au sol), au nombre de 4, sont les suivantes : contrôle par extension du bras, contrôle par rotation de l’omoplate; contrôle par rotation externe de l’épaule, contrôle par l’épaule.

Le Gendarme de terrain doit en permanence “ s’entraîner comme il veut agir ” selon la formule consacrée à Saint-Astier. Son action couvre un large spectre qui va de l’action de prévention au contact de la population à l’intervention y compris face à des terroristes selon le nouveau principe du primo arrivant. L’impératif étant de faire cesser une tuerie. L’exigence de professionnalisme n’a dont jamais été aussi poussée.

Mais l’action ne saurait être une science exacte. Chaque cas est particulier. Une situation qui semble maîtrisée peut basculer en quelques secondes. Certains individus disposant d’un très fort potentiel physique sont ultra-violents. La Gendarmerie, selon une démarche de Retour sur expérience (Retex) constant, fait évoluer la doctrine et les modes opératoires mis en oeuvre.

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