le Général Tony Mouchet, chef des Gendarmes de Corse fait état d’une “violence très forte et rare”.

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Gendarmes mobiles en Corse (Photo JEFF M)

La situation en Corse, où des manifestations en soutien à Yvan Colonna, toujours entre la vie et la mort, dégénèrent, est inquiétante. Dimanche dernier, à Bastia, ce sont 70 Gendarmes et policiers qui ont été blessés, pour certains gravement. Un Gendarme mobile de Drancy, extrait de son groupe, a été passé à tabac et “a failli y passer” selon ses camarades.

Le général Tony Mouchet
Le général Tony Mouchet Photo Gendarmerie de Corse

Répondant à la Voix du Gendarme, le général de division Tony Mouchet, commandant la région de Gendarmerie de la Corse et le groupement de la Corse du sud, fait état d’une “violence très forte et rare” alors que le ministre de l’Intérieur est attendu sur place ce mercredi et jeudi.

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J’ai rencontré des Gendarmes mobiles de l’escadron de Chauny et Drancy, des anciens, ils m’ont dit qu’ils n’avaient jamais vu une telle violence contre les forces de l’ordre que ce soit à Notre Dame des Landes ou à Villiers-le-Bel”, confie le chef des Gendarmes corses.

Le général Mouchet avec le sous-préfet de Corte lundi lors d’une réunion avec les Gendarmes mobiles (Photo Gendarmerie de Corse)

Depuis treize jours, les forces de l’ordre de Corse, renforcées par six escadrons de Gendarmerie mobile et cinq compagnies républicaines de sécurité (CRS) font en effet face à une violence rarement vue sur le continent et même outre-mer.

On a frôlé le drame” confirme le général Mouchet en référence au Gendarme mobile de Drancy passé à tabac, et dont le casque a été ôté et son arme prise avant de lui y être rendue sans chargeur..

Des Gendarmes aspergés d’essence et visés par des fumigènes

Depuis douze jours, il y a énormément de rassemblements dont la majorité sont calmes, mais certains dérapent avec énormément de violences, nous devons gérer la multiplicité des sites, avec une incertitude sur le nombre de participants qui sont alertés via les réseaux sociaux, et nous conduisons une vraie manoeuvre au quotidien” explique le commandant des Gendarmes qui décrit “une violence avec un niveau qui existe ailleurs, mais avec une durée dans l’intensité” en citant l’exemple de Corte où les “moblos” ont du faire face à un déferlement de violences pendant 3 heures trente de suite. À la question : “Y a t-il une volonté de tuer des Gendarmes ou des policiers de la part de certains manifestants? ”, le commandant des militaires de l’île de Beauté ne répond pas, mais liste des actions hyper violentes qui parlent d’elles mêmes, comme lorsque des militaires ont été aspergés d’essence puis visés par des tirs simultanés de fumigènes destinés à les enflammer.

Les manifestants sont très organisés, très motivés, et se relaient” détaille le général qui rend hommage aux militaires en saluant “le sang froid et la maîtrise des troupes”. “Ils n’ont utilisé le Lanceur de balles de défense (LBD) qu’à de très rares occasions, en particulier à Corte lorsque des assaillants ont tenté de placer une bonbonne de 13 kilos de gaz sur une palette dans un incendie à quelques mètres des militaires” détaille le commandant de la Gendarmerie de Corse.

“Leur mission est de protéger les bâtiments publics, ils encaissent, et font face à ce qu’ils subissent avec une retenue dans l’action, et font un usage maîtrisé de la force” souffle l’officier de Gendarmerie qui a vu “des Gendarmes polycriblés par toutes sortes de projectiles, atteints par des bombes agricoles, blessés dans leur chair, estropiés, avec des béquilles et des pansements, mais qui ont le moral” .

J’ai de la peine pour eux mais tellement de confiance dans leur professionnalisme” ajoute Tony Mouchet, “fier d’eux”. “J’ai rencontré une jeune Gendarme mobile avec la main bandée, je lui ai demandé ce qu’elle avait eu, elle m’a répondu avec un grand sourire, un éclat m’a traversé la main, mais ça va aller” raconte le général.

La brigade de Porto-Vecchio a tenu

Les actions violentes se manifestent aussi par l’attaque de symboles de l’État. Ainsi, la semaine dernière, environ 50 assaillants, visage masqués, armés de pierres, de palettes et d’engins incendiaires, ont tenté d’entrer dans la brigade de Porto-Vecchio. Pendant près de deux heures, ils se sont déchaînés, lançant des projectiles sur les voitures et les logements des militaires. Renforcés par des mobiles, les Gendarmes ont tenu bon. “J’ai réparti des petits groupes de mobiles dans les brigades et leur ai donné des moyens supplémentaires, notamment des grenades lacrymogènes et des boucliers” précise le général Mouchet qui se félicite que les Gendarmes de Porto-Vecchio aient pu tenir bon sans avoir besoin de tirer une grenade.

D.C

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