La vie en bleu débute pour 111 élèves-Gendarmes de l’école de Chaumont

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La 497ème promotion de l’école de Gendarmerie de Chaumont qui honore le Gendarme René Morelle, martyr de la Résistance, a été baptisée le jeudi 20 février. Retour sur cette cérémonie ponctuée par une remise de décorations dont la médaille de la Gendarmerie à un élève Gendarme.

En présence de leurs familles, et des autres promotions, 111 élèves Gendarmes de la 6ème compagnie d’instruction, 84 garçons et 27 filles, ont défilé une dernière fois sur la place de l’école de Chaumont.

Au terme de huit mois d’une intense formation, ils doivent désormais rejoindre leurs affectations le 2 mars. 63 Gendarmes ont choisi la Gendarmerie départementale, 42 la Gendarmerie mobile et 6 la Garde républicaine.

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Issus de toutes les régions de métropole et d’outre-mer, ils étaient 125 au départ de la formation et ont été rejoints par cinq élèves en cours de route. Le plus jeune de la « promo » avait 20 ans et le « doyen », 34 ans.

Au terme d’un rallye de 20 kms, ils ont reçu le 15 janvier dernier « avec une émotion non dissimulée » précise l’école, leur premier képi de sous-officier de Gendarmerie devant le mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises.

Autre moment fort, la visite du village martyr d’Oradour-sur-Glane au retour du stage de maintien de l’ordre à Saint-Astier.

Au cours de leur scolarité, les élèves de la 497ème promotion ont choisi d’aider l’association de sauvegarde du château du Corgebin en consacrant du temps libre aux travaux d’entretien du château ainsi qu’un don pour aider à l’équipement nécessaire à l’association.

Un réserviste de Savoie major de promotion

Le président de la promotion, Younès Benamari, va servir en mobile en région Auvergne-Rhône-Alpes tandis que le major – avec 15,8159/20 de moyenne- Matthieu Bersi, est affecté dans une unité montagne de Gendarmerie départementale en Haute-Savoie.

Cet ancien brigadier-chef de réserve de la compagnie de réserve territoriale (CRT) de Chambéry de 22 ans est diplômé d’un DUT en sciences et génie des matériaux.

Il est titulaire de la médaille de bronze de la Défense nationale et de la médaille de la protection militaire du territoire opération Trident.

Le vainqueur du prix Thémis, – octroyé par le président du tribunal et le procureur de la République – est l’élève Gendarme Mathieu Rossi avec 18,5 de moyenne. Cet ancien Gendarme adjoint volontaire d’Eze (06) originaire de la région niçoise, a choisi la « Gd » en région Auvergne Rhône-Alpes.

La cérémonie a été ponctuée par une remise de décorations. Le général Pierre Bouquin, chef de corps, a eu le très rare honneur de remettre une médaille de la Gendarmerie avec étoile de bronze à un élève Gendarme.

Lilian Cotte a été cité à l’ordre du régiment pour son comportement le 1er décembre 2018 alors que des « gilets jaunes » avaient envahi la préfecture de Haute-Loire. Il était brigadier-chef au Psig du Puy-en-Velay (43) lors des faits.

Le général Bouquin a également remis de l’insigne de chevalier de l’ordre national du Mérite au chef d’escadron de réserve Jean-Michel Moinet et à l’adjudant-chef (Er) Kam Pong Tien Yu Song, président départemental de l’amicale des anciens de la Légion étrangère de la Haute-Marne.


Le parrain de la promotion est le Gendarme René Morelle, mort au camp du Struthof en septembre 1944. Ses « filleuls » lui ont rendu hommage dernièrement à Moussey (88) où il était affecté.

Le Gendarme René Morelle, martyr de la résistance mort en déportation

René Morelle naît le 14 août 1911 à Marchiennes (59). Il épouse Joséphine née Destée. De cette union naîtront deux enfants Ghislaine et Léon.

Il est admis en Gendarmerie le 4 septembre 1936 et obtient le grade de Gendarme le 1er août 1937. Il est affecté au groupe mobile d’Alsace Vosges, brigade de Moussey (88) 5ème Centurie, à partir de 1940.

Animé par un profond sens du patriotisme, il affirme dès mars 1941, son esprit résistant en aidant les Alsaciens et Lorrains réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Il va jusqu’à les cacher lui ou chez des particuliers tout en sabotant systématiquement les recherches.
L’inactivité des Gendarmes de la brigade de Moussey dans ces recherches et leur engagement résistant ont permis de sauver bon nombre de jeunes Alsaciens et Lorrains mais également de nombreux prisonniers de guerres évadés d’Allemagne.

Ardent et courageux patriote, il prend part aux opérations de parachutage de la Petite Raon du 10 au 13 août 1944. En effet, dans la nuit du 12 au 13 août, sur un plateau dégagé au nom de code « Anatomie », sont parachutés des containers d’armement, de munitions et d’équipements, ainsi qu’une dizaine d’hommes du 2ème SAS, unité des forces spéciales britanniques.

Le Gendarme René Morelle, avec l’ensemble des Gendarmes de la brigade de Moussey et 150 hommes de la vallée de la Plaine et de Rabedeau participent à la réception de ces containers, ainsi qu’à leur acheminement à dos d’homme jusqu’au maquis du Bois Sauvage.
Engagé corps et âme dans ce qui n’est pour lui que son devoir, il participe le 15 août, sur l’ordre du capitaine Rivière, chef d’état-major du GMA Vosges, à l’escorte et à la surveillance de la constitution d’un dépôt d’armes au lieu dit « Le Poteau » à Moussey.

Le 18 août 1944, suite à la découverte par l’armée allemande d’une liste de membre de la Résistance de la région, une rafle est réalisée par les nazis dans le cadre de l’opération « Wald Fest ».
52 otages, civils et Gendarmes sont arrêtés et emmenés au camp de Schirmeck pour y être interrogés. Parmi eux se trouve René Morelle ainsi que quatre de ses camarades. Le 23 août, après plusieurs jours d’interrogatoires, de coups, de privations et de tortures, les hommes sont séparés en trois groupes. Le premier groupe est relâché, le deuxième est déporté au camp de Dachau et le dernier, dont fait partie le gendarme Morelle, est déporté au camp de Natzwiller-Struthof. Il y sera fusillé dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, puis incinéré sans jamais avoir parlé.

Il sera décoré à titre posthume de la croix de guerre 39-45 avec palme et étoile de vermeil en 1947, de la médaille militaire en 1948, de la médaille de la déportation et de l’internement pour faits de résistance en 1958, ainsi que de la médaille de la Résistance en 1962.



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