Daniel Seigneur, qui se présente comme un “vieux Gendarme retraité” et par ailleurs président de l’UNPRG de la Haute-Saône (70) nous a adressé une tribune après le drame de Saint-Just dans le Puy-de-Dôme.
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Encore un nouveau drame en Gendarmerie. Trois Gendarmes tués comme des “bêtes” en pleine campagne, la nuit au centre de la France , pourquoi ? pour qui ? Je m’interroge de plus en plus sur le dur métier qui fut le nôtre durant plusieurs décennies et que vivent au quotidien nos jeunes cadets de l’active. (et dire qu’il y a encore des gens qui se disent contre les forces de l’ordre et leur font du tort). Un fou furieux s’en prend à sa compagne pour une affaire apparemment personnelle: probablement de séparation, de garde d’enfants ou de pures violences intra-familiales et tire sans hésiter et sans sommation sur les deux Gendarmes venus nuitamment à l’appel de la femme menacée. Un Gendarme est tué et l’autre sérieusement blessé. Il abat ensuite deux autres Gendarmes appelés en renfort. Trois familles de Gendarmes touchées par ce drame terrible ne fêteront pas Noël. C’est malheureusement devenu le lot quasi quotidien de nos Gendarmes aujourd’hui. Partout en France, le soir et la nuit, ils sont souvent appelés pour “régler” et “démêler” des affaires “sentimentales“ de couples qui se déchirent, de coups entre conjoints qui se règlent rarement de jour. On sait que les “débordements” arrivent immanquablement le soir ou la nuit, souvent après moultes “libations” qui donnent du courage.
Très sincèrement affecté par ce nouveau drame, j’en suis avec l’ âge avançant, à me demander si cela peut continuer ainsi ?
Très sincèrement affecté par ce nouveau drame, j’en suis avec l’âge avançant, à me demander si cela peut continuer ainsi ? Tout çà, les responsables publics, les juges, les élus, si parfaits soient-ils, peuvent après coup faire preuve de compassion, d’humanité et d’empathie mais ils ne vivent pas ces moments tragiques, ces drames où l’on peut délibérément tirer sur des Gendarmes, les tuer et les abattre comme des lapins, eux qui ne faisaient que leur métier en répondant simplement aux appels de détresse. Dans quelle société vivons-nous ?
J’en suis à me demander si l’on doit continuer ainsi à se porter prestement au devant de telles situations dans une société si bouillonnante ? Est-on encore en droit de pouvoir se poser simplement cette question alors qu’il se débat tant d’autres choses, souvent bien superflues voire incongrues. Le tireur s’est apparemment suicidé après coup et n’a pas tué sa femme. Nos trois camarades qui ne faisaient que remplir au mieux leurs missions ne sont plus là pour chérir leurs proches. N’est-ce pas trop injuste ?
Je m’incline respectueusement devant leurs dépouilles mortelles. Je présente à toutes les familles dans le deuil mes sincères condoléances et prends part à leur grand chagrin. A tous les personnels d’active, à l’institution Gendarmerie entière et à toutes les personnes sensibles à ce drame, je redis ma peine et prends part au deuil qui nous touche à nouveau, en renouvelant ma confiance totale envers les forces de l’ordre (Police et Gendarmerie), si nécessaires aujourd’hui.
J’ai aussi une pensée toute particulière envers ceux qui ont dû annoncer les décès à leurs proches et aux camarades de ces trois gendarmes victimes du devoir. Quelle tristesse.
Un vieux Gendarme retraité, Daniel Seigneur