Disparition de Manu de Saint-Astier, les “moblots” en deuil

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Manu avec un groupe de Gendarmes (PhotoDR)

Manu, le patron de bar de Saint-Astier connu de tous les Gendarmes mobiles passés par le centre d’entraînement au maintien de l’ordre (CNEFG) n’est plus. Il avait 72 ans et est décédé des suites d’une maladie pulmonaire. Manu, qui a tenu son bar pendant près de 30 ans avait tissé des liens uniques avec les Gendarmes.

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Pour les mobiles qui se rendaient à la Maison mère de la Gendarmerie mobile, “Chez Manu” était une institution. Aucun stage ne s’achevait sans une “binouze” dans ce haut lieu tapissé de fanions, écussons, rondaches, pucelles des unités françaises et étrangères de la Gendarmerie.

Une navette pour raccompagner les Gendarmes!

Mon père était très attaché à tous ces écussons et fanions qu’il a soigneusement rangés lorsque j’ai repris le bar en 2011” témoigne Dorian, son fils qui a tenu l’établissement deux ans avant d’intégrer la Police nationale, comme gardien de la Paix à Paris.

Les Gendarmes de passage au CNEFG étaient comme chez eux dans ce bar d’où ils repartaient avec la navette mise en place par Manu spécialement pour leur éviter de conduire!

Si beaucoup de Gendarmes connaissaient la gentillesse légendaire de Manu, et savaient qu’il avait été CRS, peu connaissaient son histoire.

Manuel Sanchez, a passé les premières années de sa vie en Ariège où s’étaient installés ses parents après avoir fui l’Espagne de Franco.

Manu avait été légionnaire puis CRS

A 18 ans, de nationalité Espagnole, il s’est engagé dans la Légion étrangère. Il y a servi cinq ans, notamment au 1er régiment étranger à Aubagne (13) ainsi qu’à Djibouti.

Manu légionnaire (à droite) (Photo DR)

Naturalisé Français à l’issue de ces années données à l’armée Française, il est rentré dans la Police nationale, et a choisi les CRS. Il a surtout été affecté dans les unités autoroutières, en particulier à Agen (47).

Il restera une dizaine d’années dans les CRS qu’il quittera pour monter un bar. “C’était un rêve d’enfant, il a toujours rêvé d’avoir une affaire où il pourrait faire danser les gens, car mon père était un grand danseur, passionné de danse de salon” raconte Dorian.

C’est ainsi qu’il a repris ce bar en 1981, lui le CRS à proximité du centre de formation au maintien de l’ordre des ..Gendarmes!

Ancien légionnaire, Manu avait bien sûr la militarité chevillée au corps et devenir l’ami, le camarade des Gendarmes, était une évidence.

Manu avait été CRS dans les unités autoroutières (Photo DR)

Il a ainsi accueilli des générations de “moblo”, sous-officiers comme officiers, des promos entières d’élèves Gendarmes, mais aussi des CRS, les élèves commissaires, des Gendarmes ou policiers étrangers. Mais aussi les journalistes, qui ont, à partir de 2006 et le premier stage de l’association des journalistes de la Défense consacré au MO, fréquenté Saint-Astier. Ainsi dans un article consacré à ce stage, Jacky Durand, reporter à Libération évoque le passage obligatoire chez Manu.

Le bar “Chez Manu” a fermé définitivement en 2013 et Manu a continué à accueillir les Gendarmes dans son restaurant “Le sémaphore des Mobil-Homs” à quelques mètres de là avant de prendre définitivement sa retraite en 2015.

Manu avait monté un restaurant le Sémaphore des Mobil’Homs » en référence aux mobiles. (Photo DR)

Les obsèques de Manu auront lieu mardi à 10 heures au crématorium de Bergerac.

A son fils, à Nadine, à ses proches, la Voix du Gendarme adresse ses condoléances attristées.

Didier CHALUMEAU