Covid-19: la tactique du Gendarme pour se protéger et protéger les autres

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La cheffe Gentili désinfecte la voiture avant et après usage (Photo LVDG/AG&C)

Pour travailler dans ce contexte inédit de crise sanitaire liée au Covid-19, les Gendarmes appliquent les consignes de la hiérarchie mais s’adaptent localement et mettent en place des dispositifs ou des protocoles dans leurs unités. Illustration de la fameuse « tactique du Gendarme » avec le témoignage d’une militaire de la communauté de brigades de Valence d’Agen dans le Tarn-et-Garonne.

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« Un Gendarme doit avoir de très bons pieds, mais c’est pas tout, mais c’est pas tout.

Il lui faut aussi de la sagacité. Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout, car ce qu’il doit avoir et surtout, c’est d’la tactique, de la tactique dans la pratique, comme la montre a son tic tac, le Gendarme a sa tactique.« 

Rarement, la célèbre chanson de Bourvil n’aura été autant d’actualité. 

De la tactique dans la pratique!

Face aux coronavirus, le Gendarme, connu pour son atavique débrouillardise et sa rusticité militaire s’adapte! De la tactique dans la pratrique en somme!

De la Direction générale, avec le DG installé place Beauvau et séparé du major général, resté à Issy-les-Moulineaux, à la plus petite des brigades, la Maison bleue s’est mise en ordre de marche en mode très militaire.

Le travail en bordées comme dans la Marine

C’est majoritairement le travail en bordées qui voit, sur le modèle des équipages de la Marine nationale, les équipes alterner afin d’assurer une présence à l’unité.

Partout où le télétravail est possible, pendant qu’une équipe est au bureau, l’autre travaille à distance comme l’illustre la Direction générale dans un reportage de GendInfo.fr

Dans les brigades, évidemment, le télétravail n’est adapté qu’à très peu de tâches de bureau, réalisables dans l’appartement de service. Alors on s’adapte, comme nous le décrit la maréchale des logis-cheffe Alexandra Gentili de la Cob de Valence d’Agen, une unité de la compagnie de Castelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne.

Je n’ai même pas pu embrasser mes enfants

Cette mére de trois jeunes enfants qui ne vit d’ordinaire dans son logement de service que lorsqu’elle est d’astreinte a désormais pris ses quartiers à la brigade depuis le début de la crise. Ses enfants et son mari sont confinés dans leur maison à quelques encablures de la caserne.

« Je n’ai vu mes enfants qu’une fois en allant chercher des affaires et je ne les ai pas embrassés, ayant été beaucoup au contact du public notamment le jour des élections » témoigne Alexandra qui  » assume ce choix d’avoir mis sa famille à l’abri « 

Dans sa brigade, les autres ont fait le même choix à l’exception d’un camarade qui ne possède pas de résidence secondaire et qui est resté avec femme et enfants à la caserne.

Les Gendarmes portent le masque dès que c’est nécessaire (Photo LVDG)

Ne pouvant profiter de ses permissions pour rejoindre sa famille, la Gendarme a renoncé à les prendre. C’est donc une vie 100% consacrée à la Gendarmerie. « Quand je ne travaille pas, je me repose, je fais le ménage ou lorsque je suis d’astreinte, je vais travailler dans mon bureau seule » explique la jeune femme qui décrit « une bonne ambiance dans l’unité ».

Nous sommes à la même enseigne que les autres citoyens 

Au sein de sa COB, les équipes travaillent en binôme sanctuarisé. Elles se croisent mais ne prennent même pas le café ensemble!

« Pendant que les unes patrouillent en voiture, en VTT ou à pied, une autre est d’astreinte à domicile » détaille la cheffe Gentili.

« Les trois voitures sont partagées, alors forcément il faut prendre des mesures d’hygiène draconiennes » poursuit la gradée qui a ses lingettes « perso ».

Les ordinateurs utilisés par les Gendarmes de passage sont désinfectés (Photo illustration LVDG)

« Je désinfecte la voiture avant et après le service, les poignées, les commandes, le volant bien sûr, et même la ceinture de sécurité ». « Nous sommes à la même enseigne que les autres citoyens face à ce virus, et nous devons nous protéger » justifie t-elle.

Experte en ouverture de portes avec le.. coude

Même rituel pour le local du planton qui est partagé et qui est donc désinfecté systématiquement de même que le bureau et l’ordinateur utilisé par un Gendarme de passage.

Pour les visiteurs, l’accueil est garanti mais adapté : « Nous convoquons le moins possible et lorsqu’il y a un personne, nous le renseignons au portillon » précise Alexandra qui est tellement rôdée aux gestes barrière qu’elle est devenue experte en ..ouverture de porte avec le coude! 

Des binômes sanctuarisés

La cheffe Gentili est associée depuis le début avec un Gendarme adjoint volontaire, lui aussi logé dans la caserne.

Sur le terrain, ce sont les consignes qui sont appliquées. « La hiérarchie prend les meilleurs décisions possibles, on essaye de se protéger et de protéger les autres« . « J’ai un masque que je porte si je l’estime nécessaire mais lors des contrôles confinement, nous regardons les attestations et la pièce d’identité à travers la vitre de la voiture ». 

Les attestations sont vérifiées à travers la vitre (Photo LVDG)

« Pour les interventions dans les domiciles, c’est plus délicat, nous évitons d’y rentrer dans la mesure du possible et lorsque nous devons absolument y pénétrer, nous nous équipons complètement, nous fermons complètement la veste et nous faisons hyper attention » complète l’officier de police judiciaire.

Le logement de service est un vrai avantage

Pour les découvertes de cadavres, ce sont les techniciens en investigation criminelle (TIC), équipés pour ne pas polluer les scènes de crime, et du coup très bien protégés, qui sont appelés.

Autre précaution de bon sens, les Gendarmes ne font pas signer les contrevenants sur le smartphone NEOGEND dont ils se servent pour téléphoner. « Nous précisons dans les mentions complémentaires que la personne a été informée de sa verbalisation, mais que suite au COVID-19, et pour éviter la propagation, elle s’est abstenue de signer » explique la gradée.

Bien que sa séparation avec ses enfants est dure à vivre, Alexandra Gentili, relativise. « j’ai signé dans la Gendarmerie, j’assume, mais pour le coup, le logement de service est un vrai avantage » dit cette fille et soeur de policier qui peut ainsi travailler et se confiner dans le même bâtiment en se protégeant et en protégeant sa famille.


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